Accord mutuel de ne pas avoir des e...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Accord mutuel de ne pas avoir des enfants

Question

Nous avons reçu la demande enregistrée sous le numéro 196 pour l’année 2004 contenant ce qui suit :

 
Après le mariage, je me suis mis d’accord avec mon mari de ne pas avoir des enfants, et de procéder à l’avortement en cas de grossesse ; pour la raison la simple qu’il est marié avec une autre dont il a trois enfants en charge ; et sous son insistance, j’ai fini par céder à sa volonté. Contre toute attente, Allah a voulu que je tombe enceinte. Mais devant le fait accompli, il m’a enfermé dans un terrible dilemme : ou bien l’avortement ou bien le divorce, tout en m’accusant d’avoir manqué à ma promesse. Dans ce cas, est-il religieusement permis d’avorter, conformément à cet accord, bien que j’ai tellement envie d’avoir des enfants ?

Réponse

 

En effet, l’accord, objet de question, a double engagements : le premier consiste à éviter la grossesse tandis que le deuxième consiste à avorter en cas de conception. Il est à souligner que le premier engagement est religieusement permis ; car l’éjaculation hors du vagin est un acte permis ou déconseillé selon les avis divergents des Ulémas ; et dans ces deux qualifications religieuses, cet acte ne constitue pas un péché. Et par conséquent, se mettre d’accord là-dessus est religieusement permis. La preuve en est le Hadith rapporté par Moslim d’après Djâbir que le Prophète dit : « Du vivant du Prophète, nous procédions à l’éjaculation hors du vagin. Informé, le Prophète (P.S.S.L) ne nous a pas défendu ce procédé. »
 
Etant donné que cet accord est permis, toute dérogation  sera considérée comme manquement à la promesse. Donc, si l’épouse est, à dessein, tombée enceinte, elle manquera par là à sa promesse jugée permise (par la religion) et commettra par la suite un péché. Par contre, elle ne péchera pas si la grossesse s’était produite sans préméditation de sa part.
 
Quant au deuxième engagement, il n’est pas religieusement permis ; car l’avortement est interdit sauf si le médecin musulman fiable et conscient du danger de la conception sur la santé de la femme le conseille….. Dans ce cas-là, cet engagement est illégal parce qu’il s’agit d’un accord sur un péché, et les deux époux qui s’y accordent seront fautifs. Ainsi, la demandeuse ne sera pas tenue d’obéir à son mari s’il lui ordonne d’avorter ; conformément à la règle selon laquelle : « Nul n’est tenu d’obéir à quiconque lui ordonne de commettre un péché. ». Dans cette optique, nous avançons le Hadith rapporté par les deux cheikhs d’après ‘Ali que le Prophète (P.S.S.L) dit : « Nulle obéissance à quiconque ordonne le mal. ». Du coup, le manquement de la femme à cet engagement ne constitue pas un péché ; mais le péché retombe plutôt sur le mari qui l’ordonne ainsi que sur l’épouse si elle lui obéit. 
 
En somme, si la femme agit de sorte qu’elle tombe enceinte, elle commettra une erreur pour avoir manqué à sa promesse, conformément à ce Hadith : « Trois traits caractérisent l’hypocrite : s’il promet, il manque à sa promesse ; s’il parle, il dit des mensonges ; s’il fait un engagement, il le trahit[1].. »   
               
            Par contre, si la grossesse s’est produite sans le vouloir, la responsabilité de la femme en sera dégagée. Egalement, les deux époux ont commis une erreur lorsqu’ils se mettent d’accord sur l’avortement en cas de grossesse. Le mari n’est pas, bien entendu, autorisé à ordonner à sa femme d’avorter et la femme, de son côté, n’est pas permise de lui obéir et de céder à son insistance. Enfin, que tous les deux sachent bien que l’enfant à naître est un bienfait d’Allah, le Créateur du monde qui s’engage à le prendre en charge. Qui sait qu’adviendra cet enfant à l’avenir : il se peut qu’il devienne béni et intelligent de bons caractères et de bonne foi, qualités qui font, peut-être, défaut chez ses frères nés avant lui. A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit : « Sachez que l’on peut avoir parfois de l’aversion pour une chose qui peut cependant être pour vous la source d’un grand bonheur[2]. »         

Que chacun soit conscient de sa véritable place et n’ose pas à se dresser en rival contre la Volonté d’Allah, l’Omnipotent qui prédestine le sort inévitable du tout. Alors, mieux vaux le laisser passer de bon gré que le défier vainement, et ce, pour ne pas rater la récompense dans la vie d’ici-bas et de l’Au-delà.  

 
[1] Hadith marfou’ rapporté par les deux cheikhs d’après Abu Horayra.  
[2] Coran, an-Nissa, 19.
Partager ceci:

Fatwas connexes