Fauteur de désordre

Dar al-Iftaa d'Égypte

Fauteur de désordre

Question

cute; en revue la demande enregistrée sous le numéro 586 pour l’année 2001 contenant ce qui suit :

Ces derniers jours, le phénomène de fauteurs de désordre « baltagyya » a pris de l’ampleur. Qu’en dit la religion ? Et quel rôle à jouer par les individus et les sociétés pour y faire face ?

Réponse

 

Le terme baltaga signifie le recours à la violence et l’usage de la force pour intimider les gens ou s’emparer de leurs biens. Et par conséquent, il représente un péché majeur dont la propagation menace la sécurité et la stabilité qui forment une des finalités majeures de la charia qui renferme entre autres la sauvegarde de l’âme, de l’honneur et des biens. A vrai dire, la charia interdit tout acte d’intimidation même accompli à titre de plaisanterie ou même par un outil inoffensif ou même pour s’emparer d’un objet sans valeur considérable. Dans leur recueil authentique, al-Boukhari et Musleim rapportent d’après Abu Horayra que le Prophète dit : « Contre ton frère, ne fais pas de geste de menace en ayant l’arme en main ; pour ne pas être tenté d’en faire usage et finir par être damné. ».
Dans son recueil authentique d’après Abu Horayra que le Prophète dit : « Quiconque fait geste de menace contre son frère même germain avec un objet de fer en main sera maudit par les Anges jusqu’à ce qu’il cesse de le faire. ». Albzar et at-Tabarani d’après ‘Amr Ibn Rabi’a que le Prophète dit : « N’intimidez pas le Musulman ; car il s’agit d’une grave injustice. »
Outre les crimes de kidnapping, d’atteinte à la vie ou à l’honneur, l’acte d’intimidation, même limité au simple fait de s’emparer des biens par force effective ou potentielle, revêt le caractère du banditisme et du brigandage, péchés majeurs condamné d’une sanction atroce comme l’indique le Coran. Notons que les bandits et les brigands ont été qualifiés selon l’expression coranique comme des personnes qui combattent contre Allah et Son Messager et sèment la corruption sur terre :
« La seule récompense de ceux qui font la guerre à Dieu et à Son Prophète, et qui provoquent le désordre sur la Terre, est qu’ils soient mis à mort, crucifiés ou amputés d’une main et d’un pied par ordre croisé, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera une dégradation pour eux, dans ce monde, en plus du terrible châtiment qui les attend dans la vie future[1]. »
De plus, le Prophète qualifie ces malfaiteurs de non-musulmans : « N’est pas de nôtres quiconque porte l’arme contre nous[2]. » 
Vu l’atrocité de ce crime, la peine légale infligée à son auteur est irrévocable et inapte à la rémission ou à la renonciation. C’est ce qu’indique l’avis unanime des jurisconsultes. Il est à noter que la peine irrévocable de ce crime s’explique par le fait qu’il porte atteinte à la société toute entière ; et par conséquent, la victime perd son droit de pardonner l’agresseur.
De plus, la charia donne à la personne agressée le droit de se défendre et même tuer l’agresseur s’il n’avait pas le choix. Et dans ce cas, elle échappe à toute peine légale, à toute expiation et à toute réclamation du prix de sang. L’Islam engage l’homme de porter secours à la personne agressée et d’essayer de la sauver même s’il paye de sa vie et meurt donc en martyr. En revanche, l’Islam considère comme un péché voire un acte d’injustice tout recul de porter secours à son frère – ne serait-ce que le simple fait d’en informer la police. Ce principe est confirmé par le Hadith rapporté par Ibn ‘Abass et selon lequel le Prophète dit : « Malédiction à quiconque assiste à une scène de violence qui finit par le meurtre d’un innocent sans intervenir pour le sauver ! Malédiction à quiconque assiste à une scène de violence contre un innocent sans réagir pour le défendre[3] ! »
De même, l’Islam engage l’individu et la société de conjuguer leurs efforts pour faire face à de tels actes de violence et de s’y opposer par tous les moyens possibles avant qu’il ne se développe et ne se transforme en phénomène entrainant la sanction collective et le non-exaucement du vœu. Le Prophète dit : « Si les gens assistent à une scène d’injustice sans réagir contre le malfaiteur, ils seront tous infligés d’une sanction divine[4]. »
At-Termizi rapporte d’après Hozayfa que le Prophète dit : « Par Celui qui tient mon âme entre Ses Mains !  Que vous ordonniez le bien et interdisiez pas le mal, sinon vous serez éprouvée d’un mal incurable ; et vous invoquerez Allah pour l’enlever ; mais en vain. »
Dans le Hadith rapporté par Aby Saiid al-Khodary et cité dans les deux Sahihs et autres, le Prophète qualifie de mauvaise la cité où les habitants ne réagissent pas contre le meurtrier et n’essayent pas de mettre fin à ses crimes. Dans une autre version rapportée par Musleim, le Prophète dénomme cette cité Terre du mal hostiles au séjour des pieux.
De plus, la charia charge la société de la protection de ses membres ; ce principe de solidarité sociale figure remarquablement dans la législation islamique. La preuve en est al-Kasama établi par la charia - en cas de meurtre dont l’auteur est inconnu – et qui consiste à exiger de 50 personnes du quartier où le crime a été commis de prêter serment qu’elles n’y sont pour rien et qu’elles ne connaissent pas non plus le criminel. Alors, le prix de sang sera acquitté par toute la collectivité qui est en principe innocente. Mais vu que leur quartier était la scène de ce crime et la victime aurait dû être traitée en tant que réfugiée dont la protection est le devoir des habitants du quartier, la collectivité donc paye les conséquences du manque au devoir de protection par le partage du prix de sang.
Comme les actes de violence commis par les malfaiteurs représentent aux yeux de la charia un péché majeur et corruption sur terre, ils représentent également un crime ignoble au regard de la loi. Les juristes ont consacré des articles ajoutés au code pénal et dans lesquels ils ont rendu la peine plus sévère en vertu de la loi numéro 6 pour l’année 1998 remplacée par le décret numéro 10 pour l’année 2011. Le but en est de faire face à la propagation de tels crimes ces derniers jours par l’application du principe selon lequel : la sanction est à la mesure du degré du crime. En effet, la violence commise par les fauteurs de désordre a de multiples formes dont : faire parade de la force, faire allusion à l’usage de la violence physique ou morale ; menacer d’user de la force pour violer le caractère sacré de la vie privée ; causer des préjudices à la propriété d’autrui, causer un préjudice à l’intérêt personnel, exposer la vie de la victime au danger ; porter atteinte à l’honneur et à la dignité ; forcer quelqu’un à faire quelque chose contre gré, porter une arme ou un objet causant un choc électrique ou d’autres objets nocifs ; accompagner des animaux provoquant l’effroi. Il est à noter également qu’il y a beaucoup d’autres aspects négatifs répandus ces jours-ci et considérés comme faisant partie des actes de violence commis par des malfaiteurs : porter atteinte aux lieux publics, barrer les chemins de transport public, paralyser les activités des services vitaux nécessaire au déroulement de la vie quotidien ; ou n’importe quel acte commis sous n’importe quel prétexte.
 
Allah le Très-Haut est plus savant.

 


[1] Coran, al-Ma’ida, 33.
[2] Rapporté par al-Boukhari et Musleim d’après Ibn ‘Amr et Abu Moussa. 
[3] Rapporté par at-Tabarani, al-Bayhaqi d’après une bonne chaine de transmission. C’est ce qu’indique al-Hafez al-Monzéri dans son ouvrage at-Targhib Wa at-Tarhib.   
[4] Rapporté par Abu Daoud, at-Termizi qui le juge authentique, Ibn Maja et an-Nassâ’î d’après Abu Bakr as-Seddik.  
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