Valve cardiaque faite des tissus du porc
Question
Notre société importe certains produits de traitement des malades qui ont subi la chirurgie à cœur ouvert ; sachant que la valve naturelle faite des tissus du porc fait partie de ces produits. Il est à noter que cette valve naturelle est traitée, stérilisée et réservée dans un certain degré de température avant d’être implantée dans le corps du malade. Quel est l’avis religieux relatif à l’importation et l’usage de cette valve ?
Réponse
Il est religieusement interdit de consommer de la viande du porc ou d’en faire le commerce conformément à cette parole divine : « Il vous interdit seulement de consommer la bête morte, le sang, la viande de porc et celle de tout autre animal sur lequel on aura invoqué un autre nom que Celui de Dieu. Cependant, si on se trouve contraint d’en consommer par nécessité, et non par insoumission ni désinvolture, on ne commet aucun péché, car Dieu est Clément et Miséricordieux[1]. »
De leur part, la majorité des jurisconsultes estiment que le porc est impure en soi aussi mort que vivant. En revanche, les Malékites indiquent qu’il est pur vivant et impur mort. En effet, le changement que subit la nature de la chose entraîne nécessairement le changement de l’avis religieux qui s’y rapporte. Un tel changement exercé sur la nature ou la qualité de la chose impure dissipe-t-il, du point de vue religieux, son impureté ?
A la différence de l’avis unanime à propos de la pureté du vin transformé de lui-même en vinaigre, les savants musulmans ont deux avis différents à propos du traitement que subissent les choses impures : (1) Les Hanéfites, les Malékites, et l’imam Ahmad, dans une version, les jugent pures grâce à ce traitement survenu dissipant son impureté, et par conséquent, la raison d’être de son interdiction n’existe plus. Et ce par analogie à la pureté du vin transformé en vinaigre, à la pureté du sang de la gazelle transformée en musc et à la pureté du caillou de sang collé à la matrice (‘Alaqa) علقة transformé en embryon (Modhgha) مضغة. Quant aux Chaféites et aux Hanbalites dans leur avis le plus prépondérant, ils estiment que, hormis le vin transformé en vinaigre, le traitement ne purifie pas la nature impure des choses en s’appuyant sur le sens apparent des textes.
Pourtant, nous penchons vers le premier avis estimant que le traitement – le vin transformé en vinaigre à part – a pour effet de dégager l’impureté de ce qui est impur en soi, vu le changement survenu et approuvé par l’analyse en laboratoire attestant la naissance de nouveaux éléments qui trahit le changement de l’essence et de la nature.
En l’espèce, si, par le traitement, cette matière a changé de nature de façon à ce que ses composants porcins deviennent par exemple une gélatine ou une matière spongieuse, elle ne doit pas être considérée comme faisant partie du porc. Et par conséquent, nul inconvénient religieux à ce qu’on importe et fasse usage de ces tissus dans des fins médicales. Mais si sa nature porcine persiste, il est interdit de l’importer et d’en faire usage sauf en cas de force majeure, à savoir lorsqu’il n’y a pas par exemple de remplaçant pur au moment où la vie du malade est en danger mortel ou le risque de perdre un de ses membres, de la détérioration de sa santé, ou de l’apparition d’un défaut apparent au corps.