L’interdiction de porter atteinte a...

Dar al-Iftaa d'Égypte

L’interdiction de porter atteinte aux Eglises

Question

 

Nous avons passé en revue les questions envoyées à nous via Média le 9/3/2011 à la suite des agressions commises contre les Eglises en Egypte et enregistrée sous le numéro 75 pour l’année 2011 contenant ceci :    
Quel est l’avis religieux relatif à l’attentat aux Eglises et aux lieux de culte soit par la destruction ou l’explosion, surtout s’il y a dedans des personnes pratiquant leurs cultes ? En effet, certains gens prétendent qu’il n’y a pas entre les Chrétiens et nous, les Musulmans, ce qu’on appelle Pacte de Protection, est-ce vrai ?

Réponse

 

L’Islam est la religion de la coexistence ; ses principes s’opposent évidemment à la contrainte et à la violence. C’est pourquoi, il n’a point contraint les adeptes des autres religions à l’embrasser ; mais au contraire, il a accordé à l’Homme l’entière liberté de croyance. Dans de nombreux versets, le Législateur Suprême met l’accent sur cette vérité : 
« Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l’erreur[1]. »
 
« Dis : « La Vérité émane de votre Seigneur. Croira qui voudra et niera qui voudra ![2] »  
 
« À vous votre religion, et à moi la mienne ![3] » 
 
Etant donné que l’Islam a accordé aux adeptes des autres religions la liberté de croyance, il leur a permis, également, d’en pratiquer librement les cultes dans leurs temples. Raison pour laquelle, il a pleinement assuré la protection de ces lieux de culte, y accordé un soin particulier et interdit catégoriquement d’y porter atteinte. Le Coran indique que le Djihad contre l’injustice et l’agression est à l’origine de la préservation des lieux de culte contre toute atteinte et sert de garantie de sauvegarde à ceux qui les fréquentent :
« Si Dieu ne repoussait pas certains peuples par d’autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires (églises) et des mosquées où le Nom de Dieu est souvent invoqué. Dieu assistera assurément ceux qui aident au triomphe de Sa Cause, car la force et la puissance de Dieu n’ont point de limite. [41] Dieu prêtera assistance à ceux qui, une fois leur position consolidée, accompliront la salât, s’acquitteront de la zakat, ordonneront le Bien et dénonceront le Mal. En définitive, c’est à Dieu qu’appartient l’issue de toute chose[4]. »
  
Dans son Tafsir (2/385. Dar al-Kotoub al-’Ilmyya), Moqatel Ibn Sulayman dit : « Tous les adeptes de ces religions adorent Dieu dans ces lieux de culte, c’est pourquoi, Allah, le Très-Haut, a voulu que les Musulmans en soient les protecteurs. » 
 
Dans son Tafsir (12/70, Dar al-Kotoub al-Massryya), l’imam al-Qortobi dit : «  Si Allah n’avait pas prescrit aux Prophètes et aux croyants de combattre les ennemis des religions, ces derniers auraient, à toute époque, détruit les lieux de culte. Donc, l’obligation du Djihad fut établie pour que les religieux puissent se consacrer à l’adoration. C’est grâce au Djihad, dont la prescription remonte à des époques très éloignées, que les institutions religieuses et les cultes ont survécu. Il semble qu’Allah, en autorisant aux croyants opprimés le Djihad pour se défendre, ait voulu dire que sans le Djihad, le faux aurait l’emporté sur le vrai dans toutes les communautés. Par conséquent, si un Chrétien ou un Sabéen juge horrible le Djihad contre l’ennemi, il contredit alors sa religion ; car sans le Djihad, sa religion n’aurait pas survécue. Ibn Khoways Mendad dit : « Le verset renferme l’interdiction de détruire les Eglises et les Synagogues des Gens du Livre ainsi que les foyers du feu des Mages. »
 
De sa part, la Sunna a affirmé cette vérité. La preuve es est que le Prophète fit écrire à l’évêque de Bani al-Hareth Ibn Ka’b, aux évêques, aux prêtres et aux moines de Najran ce qui suit : « Je leur porte garant de ce qu’ils ont des églises, des oratoires et des monastères. Ils auront, en plus, le pacte de protection de la part d’Allah et de Son Messager. Que nul évêque, nul moine, nul prêtre ne seront point déplacés de leurs fonctions sacerdotales. Que leurs droits soient gardés intacts tant qu’ils font preuve de sincérité et remplissent bien leurs devoirs sans contrainte ni oppression ! »
 
D’ailleurs, l’Islam ordonne aux Musulmans d’être bienveillants, compatissants et équitables à l’égard des adeptes des autres religions :
« Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables[5]. »
 
Tout au long de leur histoire honorable et de leur civilisation grandiose, dès l’époque du Califat bien-guidé jusqu’aux époques ultérieures, les Musulmans, prédécesseurs et successeurs, observaient fidèlement cet ordre divin. Ils se paraient de bonnes mœurs qui captivaient les cœurs des gens, avant même la conquête de leurs territoires.
 
Pendant son Califat, ‘Omar Ibn al-Khattab assura aux habitants de Jérusalem la liberté de croyance ainsi que la protection de leurs personnes et de leurs Eglises. Il en fit un écrit où il dit : « Au nom d’Allah, le très Clément et le Tout Miséricordieux. Tel est l’engagement de ‘Omar, serviteur d’Allah et Calife des croyants, envers les habitants de Elia : je m’engage à assurer aux habitant de Elia la protection de leurs personnes, de leurs biens, de leurs Eglises, de leurs Croix, de leurs malades et de bien portants ainsi que de toute leur communauté. Que leurs Eglises ne soient ni habitées ni démolies  ni dépouillées ni diminuées ! Que personne ne touche ni à leurs croix ni à leurs biens ! Qu'ils ne subissent pas de contrainte à cause de leur religion ! Qu'on ne porte pas atteinte à l'un d'entre eux. Le contenu de ce document représente l’engagement d’Allah et de Son Messager et la garantie des Califes et des croyants à l’égard de ceux, parmi eux, qui s’acquittent de leur tribut (Djizya). J’ai pris pour témoins de cet écrit Khaled Ibn al-Walid, ‘Amr Ibn al-’Ass, ‘Abd er-Rahman Ibn ‘Awf, Muawiya Ibn Abî Sufyan.
 Ecrit et préparé en l’an quinze de l’Hégire ! »
 
En outre, ‘Omar rédigea le même écrit aux habitants de Ludd « Au nom d’Allah, le Clément et le Plus Miséricordieux. Tel est l’écrit de ‘Omar, serviteur d’Allah et Calife des croyants, aux habitants de Ludd et de la Palestine toute entière : « Je m’engage à leur assurer la protection de leurs personnes, de leurs biens, de leurs Eglises, de leurs Croix, de leurs malades et des bien portants ainsi que de toute leur communauté. Que leurs Eglises ne soient ni habitées ni détruites  ni dépouillées ni diminuées ! Qu'on ne touche ni à leurs croix ni à leurs biens ! Qu'ils ne subissent pas de contrainte à cause de leur religion ! Qu'on ne porte pas atteinte à l'un d'entre eux[6]. »
 
Lorsque ‘Omar Ibn al-Khattab était en visite à l’une des Eglises à Jérusalem, le moment de la prière est venu. Cependant, il a dit à l’archevêque : « Je veux accomplir ma prière. », « Je vous en prie, faites-là ici. », proposa l’archevêque. Mais ‘Omar a refusé sa proposition et accompli individuellement la prière en dehors de cette Eglise. Une fois finie la prière, il s’est adressé à l’archevêque en ces termes : « Si j’avais accompli la prière au sein de l’Eglise, les Musulmans, après ma mort, se seraient emparés en disant en guise de justification : « C’est ici qu‘Omar a accompli la prière[7]. » 
 
De leur part, les Orientalistes ont beaucoup admiré cet événement glorieux. Dans son ouvrage la Vie de Mahomet, Dermenghem dit : « Le Coran et la Sunna exhortent, à profusion, à la tolérance. Les premiers conquérants musulmans se sont scrupuleusement conformés à ces directives. Quand ‘Omar arriva à Jérusalem, il donna l’ordre aux Musulmans de ne pas causer ni de gêne aux Chrétiens, ni de dégât à leurs Eglises. En outre, quand il fut invité par le patriarche à accomplir sa prière au sein de l’Eglise, il refusa de peur que les Musulmans, après son décès, ne s’emparent du lieu en se justifiant par ce précédent. De même, dans son ouvrage «Mohamad et le mahométisme», Ethmis a confirmé le même sens[8]
 
De son côté, Khalid Ibn al-Walid assura aux habitants de Damas la protection de leurs Eglises en le confirmant par écrit. C’est ce qu’indique al-Balazry dans Fotouh al-Bilad (P. 120. Lagnet al-Bayan al-‘Arabi). De même, Chorahbil Ibn Hasana assura aux habitants de Tibériade la protection de leurs personnes et de leurs Eglises. C’est ce qu’affirme également al-Balazry dans le même ouvrage (P. 115). D’ailleurs, les habitants de Baalbek demandèrent à Abu ‘Obayda ‘Amer Ibn al-Jarrah de garantir la protection de leurs personnes et la sauvegarde de leurs Eglises et il accepta leur demande et en fit un écrit (Ibid. (P. 129). Il accorda le même engagement aux habitants de Hams et de Halab (Alep) (Ibid. 130, 146). De plus, ‘Iyad Ibn Ghonm accorda aux habitants d’al-Riqqa l’engagement de la protection de leurs personnes et des leurs Eglises en le confirmant par écrit. (Ibid. 172). Pendant le Califat de ‘Uthman Ibn ‘Affane, Habib Ibn Maslama donna aux Chrétiens, aux Mages et aux Juifs de Dabil, ville arménienne, l’engagement de la protection de leurs personnes, de leurs biens, de leurs Eglises, de leurs synagogues, de leurs présents et absents et en fit un écrit (Ibid. 199).
 
D’après Abi Ibn ‘Abdellah an-Nakh’i qui dit : « Il nous est parvenu l’écrit de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz où il dit : « Ne démolissez ni une synagogue ni une Eglise ni un temple de culte de feu dont vous vous êtes engagés à garantir la protection[9] ! »
 
On demanda à Attaa : « Est-il permis de détruire les Eglises ?! », « Non, sauf celles qu’on construit dans l’enceinte sacrée de la Mecque[10]. »
 
Même dans les rares fois où on a dérogé à ces engagements, les Califes justes ne tardaient point à éliminer l’injustice et à restituer les droits aux opprimés. Dans al-Amwal (P.201), Abu ‘Obayd al-Qasim Ibn Salam rapporte que ‘Ali Ibn Abi Hamla a dit : « Les Chrétiens de Damas ont porté plainte contre nous auprès de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz à propos d’une Eglise dont le terrain avait été donné en fief par untel à Bani Nasr. A ce moment-là, ‘Omar nous a donné l’ordre de l’évacuer et de la restituer aux Chrétiens. »
 
De là, il s’avère évident que porter atteinte aux Eglises par la destruction ou l’explosion ou bien par le fait de tuer ou de terroriser ceux qui les fréquentent est un acte interdit allant à l’encontre de l’esprit de tolérance dont se pare amplement notre Chari’a. Plus encore, ces actes criminels constituent évidemment une violation du Pacte conclu avec Allah et Son Messager. Leur auteur est au nombre de ceux contre qui le Prophète se dressera en adversaire au Jour Dernier. Abu Da’oud dans ses Sunan, Ibn Zangawé dans al-Amwal, al-Baihaqi dans as-Sunan al-Kobra d’après Safwan Ibn Silim d’après un nombre de personnes (trente fils des Compagnons comme l’indiquent Ibn Zangawé et al-Baihaqi d’après leurs pères que le Prophète a dit :
« Je plaiderai moi-même, le Jour du Jugement, contre celui qui opprime une personne avec qui on a conclu un pacte de protection, ou la dénigre ou la contraint à faire ce qui va au-delà de ses capacités, ou bien lui prend quelque chose contre gré. » 
Ibn Zangawé et al-Bayhaqi ont ajouté :
« Celui qui tue une personne protégée par un pacte avec les Musulmans (Mu’âhad) ne sentira point le Parfum du Paradis qui se fait sentir d’une distance équivalente à quarante années. »
 
Dans Charh at-Tabsera wattazkera, al-Hafez Al-’Iraqi dit : «La chaîne de transmission de ce Hadith est bonne bien que quelques rapporteurs n’y soient pas identifiés, car il s’agit d’un nombre considérable des fils des Compagnons qui va jusqu’à la notoriété qui n’exige pas la fiabilité[11]. »
 
Quant aux opinions minimes se trouvant dans le patrimoine de Fiqh qui jugent permis de détruire les Eglises, elles ont été formulées dans des circonstances sociales précises et des contextes historiques bien spécifiques. Par conséquent, il n’est pas convenable de considérer ces avis comme faisant partie de la Chari’a. En effet,les preuves religieuses évidentes et l’Histoire et la civilisation musulmane dans leur ensemble ainsi que la survie saine et sauf des Eglises et des temples dans tous les coins du monde musulman au cours des siècles passés jusqu’à nos jours, tout cela témoigne incontestablement du respect de l’Islam pour les caractères sacrés des lieux de culte et des soins qu’il y a accordés d’une manière jamais vue dans une autre religion ou autre civilisation. En outre, la décision du chef du commandement est de nature à écarter toute divergence en la matière. Au cas où il adopte à cet égard l’avis d’une certaine école de Fiqh dans le but de maintenir l’intérêt et la sécurité sociale, les Musulmans doivent s’y conformer ; et par conséquent, il sera interdit d’y déroger. Car la dérogation à cet ordre représente une usurpation non seulement du droit du chef du commandement mais aussi de la nation toute entière et constitue une corruption sur terre.
 D’ailleurs, porter atteinte aux Eglises et aux Chrétiens d’Egypte et d’autres pays musulmans représente une violation du droit de citoyenneté. Ils ont conclu avec les Musulmans un pacte stipulant qu’ils coexistent avec nous en paix et en sécurité. Par conséquent, porter atteinte à leurs personnes et à leurs Eglises ou leur causer de mal ou de peur déroge évidemment à ce pacte et engendre la méfiance dans tout pacte ou traité conclu avec les Musulmans. De tels crimes sont bien condamnés par les textes religieux. A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit :
« Ô croyants ! Respectez vos engagements[12] ! »
 
Dans son Sahih, al-Boukhari rapporte d’après ‘Abdullah Ibn ‘Omar que le Prophète a dit : « Quatre qualités révèlent le parfait hypocrite. Quiconque en possède une, garde en lui un brin d’hypocrisie, et ce, jusqu’à ce qu’il s’en soit débarrassé, à savoir le fait de trahir quand on lui fait confiance, de mentir quand on lui parle, de décevoir quiconque compte sur lui et de faire preuve de méchanceté lors des litiges. »
 
Ibn Maja rapporte d’après ‘Omar Ibn al-Hameq al-Khoza’i que le Prophète a dit : « Si un Musulman tue quelqu’un après lui avoir assuré la protection, il sera, le Jour Dernier, scandalisé pour sa perfidie. »
 
Dans la version rapportée par al-Bayhaqi et at-Tayalésy dans son Mosnad, le Prophète a dit :
« Si un Musulman tue quelqu’un après lui avoir assuré la protection, il sera privé de mon intercession même si la victime était mécréante. »
 
Al-Boukhari rapporte d’après ‘Ali Ibn Abi Taleb que le Prophète a dit :
« Les Musulmans sont tenus de respecter le pacte conclu par le plus modeste parmi eux. Quiconque viole ce pacte, attire sur lui la malédiction d’Allah, des Anges, et des gens entiers et en fin du compte ses actes d’obéissance seront rejetés. »
 
Sans doute, ces actes criminels trahissent une perfidie et portent atteinte aux gens paisibles. Abu Da’oud et al-Hakem dans al-Mustadrak d’après Abu Horayra que le Prophète a dit :
« Le vrai croyant ne poignarde pas au dos ; car la foi enchaîne la traîtrise. »
Commentant ce Hadith, Ibn al-Athir dit dans an-Nihaya :
       « Le Hadith interdit de porter la main sur une personne et de l’assommer à l’improviste. »
 
      Le Hadith compare la foi qui empêche la perfidie à la chaîne qui accable le mouvement.
 
      Il est à noter que le Hadith a été rapporté sous une forme déclarative négative impliquant l’interdiction.
 
D’ailleurs, le Prophète nous a spécifiquement recommandés d’être bienveillants à l’égard des Coptes d’Egypte :
« Je vous recommande les Coptes d’Egypte. Vous ferez la conquête de leurs territoires et ils seront pour vous un appui et un renfort dans le sentier d’Allah. »
 
Al-Hafez al-Haytamey dit : « Les rapporteurs de ce Hadith sont fiables et dignes de confiance. »
 
Abu Ya’lâ dans son Mosnad et Ibn Hibân dans son Sahih rapportent que le Prophète a dit :
« Je vous recommande les Chrétiens d’Egypte ; car ils vous serviront d’appui contre votre ennemi si Allah le veut. »
 
Mousa Ibn Djobeir rapporte d’après un nombre des sages de la Médine que ‘Omar Ibn al-Khattab fit écrire à ‘Amr Ibn al-‘Ass, wali d’Egypte : « Sache bien qu’Allah te voit et observe tes actes ; Il, Exalté soit-Il, dit : « Daigne faire de nous des modèles de piété pour ceux qui craignent le Seigneur[13] ! ». Tu as, dans ce pays, des personnes qui ont conclu avec nous un pacte de protection et à l’égard des qui le Prophète nous a recommandés d’être bienveillants en disant : « Je vous recommande d’être bienveillants à l’égard des Coptes en vertu du pacte de protection et du lien de parenté égyptienne. », et ce lien de parenté remonte à la mère d’Ismail. De plus, le Prophète a dit : « Je plaiderai moi-même, le Jour du Jugement, contre celui qui opprime une personne avec qui on a conclu un pacte de protection, ou la contraint à faire ce qui va au-delà de ses capacités. » Prends garde ‘Amr d’être parmi ceux contre qui le Prophète plaiderai le Jour Dernier[14] ! » 
 
En effet, l’Histoire approuve incontestablement la parole du Prophète à cet égard. La preuve en est que lorsque les conquérants musulmans sont entrés en Egypte, les Coptes les ont chaleureusement accueillis et coexisté avec eux en toute paix et sécurité. Ainsi, l’Egypte nous a offert une expérience historique bien profonde et un modèle exceptionnel de coexistence pacifique entre les adeptes des religions différentes.
 
D’ailleurs, ces actes criminels et ces menaces contredisent la Chari’a ainsi que toutes les religions qui ordonnent l’observation de cinq éléments d’importance majeure : la foi, l’âme, la raison, l’honneur, et les biens, c’est ce qu’on appelle, en fait, les cinq objectifs principaux de la Chari’a. Alors, il est bien évident que ces actes criminels portent atteinte à l’un de ces objectifs, à savoir celui de protéger l’âme humaine. La victime est un citoyen innocent dont l’âme est inviolable puisqu’Allah, le Très-Haut, a accordé à cette âme un caractère sacré :
« Voilà pourquoi Nous avons édicté cette loi aux fils d’Israël : « Quiconque tue une personne non coupable d’un meurtre ou d’une sédition sur Terre est considéré comme le meurtrier de l’humanité tout entière[15]. »
  On peut citer parmi les préjudices majeurs de ces actes abjects le fait de déformer l’image de l’Islam, dans l’imagination des non-Musulmans, et de conforter la thèse infondée des ennemis de l’Islam selon lesquelles la religion musulmane est une religion barbare et sanguinaire. Sans doute, l’Islam est innocent de ces accusations mensongères. En outre, ces actes criminels peuvent servir de prétexte aux ennemis qui guettent l’occasion pour s’ingérer, sans droit, dans nos affaires intérieures. Il faut noter également qu’Allah a ordonné aux Musulmans de ne pas insulter les non-Musulmans pour ne pas les inciter à insulter Allah :  
« N’insultez pas ceux qui invoquent d’autres divinités que Dieu, car ils seraient tentés, dans leur ignorance, d’insulter à leur tour Dieu par esprit de vengeance. C’est ainsi que Nous embellissons aux yeux de chaque peuple ses propres actions. Puis ils retourneront tous à leur Seigneur, qui les informera de leurs actes passés. [16] »
 
Le fait de tuer et de semer la peur parmi les gens, que provoquent ces actes criminels, est appelé Hiraba (banditisme) qui est une sorte de corruption sur terre. Il est à noter que l’auteur de ce crime est passible d’une sanction plus dure que celle infligée au meurtrier, au voleur et au fornicateur ; car il s’agit tout simplement d’un crime organisé contre la société toute entière. A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit :
« La seule récompense de ceux qui font la guerre à Dieu et à Son Prophète, et qui provoquent le désordre sur la Terre, est qu’ils soient mis à mort, crucifiés ou amputés d’une main et d’un pied par ordre croisé, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera une dégradation pour eux, dans ce monde, en plus du terrible châtiment qui les attend dans la vie future[17]. »
Quant à la prétention selon laquelle le pacte de protection que les non-Musulmans avaient conclu avec nous a pris fin et par conséquent nous ne sommes plus tenus de leur assurer aucune protection, elle est infondée et irréfléchie. La citoyenneté est un principe islamique bien établi dans la Chari’a. Elle est, sous sa forme convenue, est appliquée et reconnue par les constitutions du monde musulman y compris celle d’Egypte dont le deuxième article stipule que la Charia est la source référentielle de la législation. En outre, l’Islam a établi, il y a quatorze siècles, le droit de citoyenneté. La preuve en est que le pacte de Médine que le Prophète a établi stipule la coexistence et l’égalité de droits et devoirs entre tous les citoyens de Médine, sans égard ni à la religion ni à la race ni à aucune autre considération. Et par conséquent, la citoyenneté est l’un des pactes reconnus par la Charia qu’il faut respecter et appliquer.   


[1] Coran, al-Baqara, 256.
[2] Coran, al-Kahf, 29.
[3] Coran, al-Kafiroun, 6.
[4] Coran, al-Hajj, 40, 41.
[5] Coran, al-Mumtahina, 8.
[6] Rapporté par l’imam at-Tabari dans son Histoire ((2/449) Dar al-Kotoub al-‘Ilmyya)
[7] Rapporté par Ibn Khaldoun dans son Histoire (2/225. Ihyaa at-Tourass al-‘Arabi).
[8] At-Tasamoh wal ‘Odwanyya (la tolérance et l’agressivité), Saleh al-Hoçain. P. 120, 121.
[9] Rapporté par Ibn Abi Chayba dans al-Mossannaf ainsi que par Abu ‘Obayd al-Qasim Ibn Salam dans al-Ammwal (P. 123. Dar al-Fikr)
[10] Rapporté par Ibn Abi Chayba dans al-Mossannaf.
[11]Le Hadith Motawatir, c’est ce qu’a transmis un groupe de personnes d’après un autre, de sorte que chacun contient un grand nombre. Dans ce genre de Hadiths, il est inconcevable que les rapporteurs s’accordent sur le mensonge.
 [13] Coran, al-Forqan, 74.
[14] Cite par Ibn Sa’d dans at-Tabaqat al-Kobra ainsi que par al-Motaqi al-Hendi dans Kenz al-‘Ommal
[15] Coran, al-Ma’ida, 32.
[16] Coran,
[17] Coran, al-Ma’ida, 33.
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