Quitter l’examen pour accomplir la ...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Quitter l’examen pour accomplir la prière

Question

L’une des universités au Caire gratifie ses candidats des diplômes de maîtrise en gestion des entreprises internationales après avoir passé avec succès des examens semestrielles. Il est à noter que les candidats sont des employés, ce qui fait que les horaires des examens soient de 19h à 21h. Il arrive souvent que pendant l’examen certains candidats demandent aux contrôleurs la permission d’aller faire les ablutions et accomplir la prière. Acte qui perturbe et déconcentre leurs collègues dans la salle de l’examen. Profitant de cette permission, certains font des appels téléphoniques pour se procurer les réponses aux questions de l’examen. Veuillez nous informer sur l’avis religieux relatif à la prière pendant l’examen : doit-on quitter la salle d’examen ou non pour l’accomplir ? Veuillez également nous informer si l’université de l’Azhar adopte ou non ce système ?

Réponse

La prière, en sa qualité de deuxième pilier de l’Islam après l’Attestation de foi, doit être accomplie à son temps fixe. Il s’agit, en fait, d’une obligation religieuse pour tout Musulman et toute Musulmane. A cet égard, Allah le Très-Haut dit : « La Salat demeure, pour les croyants, une prescription, à des temps déterminés102. ». Il est à noter qu’Allah n’a dispensé personne de cette obligation tant qu’elle est douée de raison et religieusement responsable. Il l’a prescrite même en état de maladie paralysant le mouvement et en état de guerre, ce qui met l’accent sur l’importance de la prière dans la vie du Musulman.

 

En effet, la charia autorise au Musulman, en voyage, de raccourcir et de regrouper les prières. De même, dans certains cas (pluie abondante, panique, etc.), il est autorisé au fidèle de regrouper les prières et de les accomplir ensemble. Plus encore, certains jurisconsultes sont allés plus loin en autorisant au fidèle d’accomplir deux prières toutes réunies si l’accomplissement de la prière à son temps fixe lui cause de gêne. Ils s’appuient sur le Hadith rapporté par Ibn ‘Abass et cité dans le recueil authentique de Muslim : « A Médine, le Prophète a accompli les prières d’al-Zuhr, d’al-‘Asr, d’al-Maghreb et d’al-‘Ichaa toutes réunies sans avoir pour excuse la panique ou la forte pluie. ». On demande à Ibn ‘Abass : « A quoi visait le Prophète par cela ? », « Il voulait alléger à sa communauté les obligations religieuses. ».

 

Dans Charh Muslim (5/219, éd. Dar Ihyaa at-Torath al-‘Arabi), l’imam an-Nawawy dit : « Un groupe d’imams indiquent qu’en cas de nécessité, il est religieusement permis au résident de regrouper les prières à condition qu’il n’en fasse pas habitude. C’est, en effet, l’avis d’Ibn Sirine, et d’Achab disciples de l’imam Malek. Il est également rapporté par al-Khattabi d’après d’al-Qaffal et d’ach-Chachi al-Kabir disciples de l’imam ach-Chaféi d’après Ibn Ishaq al-Marozi d’après un nombre de savants de Hadith. Cet avis a été adopté par al-Monzir et fortifié par le dire d’Ibn ‘Abass « Il voulait alléger à sa communauté les obligations religieuses. ». Dans ce Hadith, Ibn ‘Abass n’a pas lié l’autorisation de regrouper les prières à la maladie ou à une autre excuse. Et Allah Seul le sait par excellence. ».

 

Le recours à cet avis autorisant le regroupement de la prière en cas de gêne ne doit pas devenir une habitude comme l’indique l’imam an-Nawawi. De surcroît, le Musulman ne doit profiter de cette dispense religieuse que si l’accomplissement de la prière à son temps fixe l’empêche d’effectuer une affaire importante difficile à reporter. Raison pour laquelle, il peut accomplir la prière d’az-Zuhr au temps d’al-‘Asr ou bien la prière d’al-Maghreb au temps d’al-'Ishā.

 

En l’espèce, l’université en question doit faire en sorte que les heures de l’examen ne s’opposent pas au temps de la prière. Il faut par exemple que la durée de l’examen prenne fin peu avant la prière afin de donner aux candidats le temps suffisant pour faire leurs ablutions et accomplir la prière à temps. Et pour ce faire, il convient d’avancer un peu le temps de l’examen pour attraper la prière d’al-Maghreb avant l’entrée du temps de la prière d’al- ‘Ichaa ou bien de le retarder un peu pour pouvoir accomplir à temps la prière d’al-Maghreb avant l’examen. S’il s’avère impossible de modifier les horaires de l’examen de la façon déjà décrite de crainte que le candidat ne profite de cette permission pour se livrer à la tricherie ou ne provoque du bruit, dans ce cas-ci, il est autorisé – dans le cadre du besoin qui revêt le même statut de nécessité – de tenir l’examen à son temps et d’interdire aux étudiants de quitter la salle d’examen. Les candidats peuvent alors regrouper deux prières ensembles soit au temps de la première ou de la deuxième par l’application du hadith d’Ibn ‘Abass précité. Rappelons que les responsables à l’université de l’Azhar prennent en considérations que les horaires de l’examen ne s’opposent pas à ceux de la prière.

Et Allah Seul le sait par excellence.

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