L’attitude de l’Islam vis-à-vis de ...

Dar al-Iftaa d'Égypte

L’attitude de l’Islam vis-à-vis de la démocratie

Question

Quel est l’avis religieux relatif à la démocratie, à sa conception et à sa pratique ?

Réponse

 

La démocratie est une terminologie dérivée du mot grec  δημοκρατία dēmokratía, «souveraineté du peuple», dêmos, «peuple» et krátos (pouvoir). Ainsi selon la conception occidentale, cette notion confère au peuple la souveraineté absolue pour devenir le législateur suprême. Nulle autorité ne parvient à égaliser son pouvoir qui s’impose à tous. C’est au peuple qu’appartiennent les rênes de l’ordre et du commandement. Cela s’applique également au pouvoir exécutif qui applique le droit public de l’Etat ou, autrement dit, la volonté du peuple.
Il en va de même pour le pouvoir judiciaire qui tranche les affaires judiciaires de l’Etat en vertu des lois et des règlements établis par le pouvoir législatif. Ainsi, toute affaire faisant l’unanimité du peuple doit être mise en application même s’il s’agit d’un acte interdit condamné par les religions. Comprise dans ce sens, cette conception contredit la loi divine qui précise que tout le pouvoir appartient à Allah : « Le jugement n’appartient qu’à Allah[1]. »  
Dans son exégèse (3/142, éd. Dar Ihyaa at-Tourath al-‘Arabi), l’érudit Abu as-So’oud interprète ce verset de la manière suivante : « Le jugement appartient uniquement à Allah et personne n’a le droit d’intervenir dans Ses Décrets divins. »
En Islam, le pouvoir du peuple est restreint par des limites religieuses de sorte que les représentants du peuple ne sont pas autorisés de légiférer hors du cadre de la charia. Donc, toute décision ou législation contredit la charia n’a aucune considération. A ce propos, il convient de distinguer entre cet ordre islamique et la théocratie occidentale qui confère à Dieu le pouvoir politique suprême et que les commandements divins ne sont que des lois civiles exécutables et contraignantes. En leur qualité de spécialistes en matière de lois divines, les hommes de religion sont les représentants de l’autorité divine. Et par conséquent, ils doivent imposer et mettre en application les lois célestes.
Alors, l’écart est énorme entre ce système religieux et la conception du pouvoir en Islam ; car en Islam il n’y a ni autorité ecclésiastique ni mandat divin à personne.
Mais si on entend par la démocratie quelques principes politiques et sociaux comme laconsultation (Chura), la séparation entre les trois pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs, la délibération, la réalisation de la justice, le droit à une vie digne, le travail, la liberté, etc., tous ces principes-là sont approuvés et revendiqués par l’Islam. En effet, la démocratie, dans ce sens, est compatible avec l’Islam. A cet égard, Allah dit : « Et consulte-les à propos des affaires[2] ! », « (les bons croyants) se consultent entre eux à propos de leurs affaires[3]. »
Enfin, il y a des modèles variés de démocratie dont l’application dépend de la nature du pays. Les Musulmans, dans n’importe quel pays, peuvent adopter les modèles qui ne s’opposent pas aux fondements et aux principes de la charia.
Et Allah Seul le sait par excellence.


[1] Coran, al-An’am, 57.
[2] Coran, al-‘Imran, 159.
[3] Coran, ach-Choura, 38.
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