Questions provoquées par certains i...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Questions provoquées par certains intransigeants

Question

En Allemagne, il y a une personne qui interdit at-Tabarok (le fait de s’attirer la bénédiction d’une source bénie : un saint, lieu sacré (at-Tabarok), etc.) et at-Tawasol (solliciter l’intercession d’un saint) (at-Tawasol). Il interdit également la célébration de l’anniversaire du Prophète, l’usage du chapelet, etc. Il prétend qu’Allah est sur le Trône et qu’Il descend chaque nuit au deuxième ciel. Veuillez nous donner l’avis religieux à ce propos !

Réponse

 

Ce n’est pas à nous de juger les gens. C’est à Allah qu’appartient cette tâche et c’est Lui qui pénètre les secrets du cœur. De plus, les jugements religieux ne sont pas portées sur les personnes elles-mêmes ; mais plutôt sur leurs actes, leurs dires et leurs croyances. C’est pourquoi, le Musulman ne doit pas se faire un jugement infondé d’une personne ; mais il doit être juste et équitable. Dans le Coran, Allah nous ordonne d’être juste et de ne pas se faire un jugement infondé d’une personne pour la simple raison qu’elle appartient à un groupe religieux précis. Même si cette personne profère des propos apparemment libertins ou irréligieux, il ne faut pas s’empresser de la taxer d’incroyance ou de libertinage. Car il se peut que cette personne ait proféré de tels propos par ignorance ou qu’elle en entend autre chose. En effet, la charia nous recommande d’être prudents et raisonnables avant de formuler un jugement sur une personne. Elle nous recommande d’éviter l’exemple des Kharijites, les imprudents et les faux savants qui ne tardent pas à taxer une personne d’incroyance, de perversité ou d’innovation. Il faut bien s’élever au-dessus des jugements diffamatoires même s’ils sont réels. A cet égard, ‘Omar Ibn al-Khattab dit : « Rien n’est efficace comme punition que de repousser le mal par le bien. »
Quant aux opinions que la personne en question se fait d’at-Tabarok, d’at-Tawasol, de la célébration de l’anniversaire du Prophète, de l’usage du chapelet, elles s’opposent aux avis des savants et de pieux ancêtres de la communauté. C’est pourquoi, il convient de clarifier à cette personne-là les arguments solides qui prouvent la légitimité de ces actes au lieu de s’empresser de la qualifier de pervers. Il faut également supposer que tel jugement soit formulé par ignorance.
Concernant son dire qu’Allah est sur le Trône, le Coran indique qu’Allah s’est établi sur le Trône et par conséquent le Musulman doit respecter l’énoncé du terme coranique sans aucun ajout. Concernant son dire qu’Allah descend au deuxième ciel, il est rapporté dans la sunna que le Très-Haut descend au premier ciel et non pas au deuxième. De plus, il ne faut pas comprendre par le terme «descendre» celui désignant le mouvement et le déplacement du haut en bas. Il est inacceptable d’attribuer un tel sens concret à Dieu qui transcende sur ces actes.
En effet, nos pieux prédécesseurs estiment que tous les textes religieux qui contiennent des termes semblables ne doivent pas être interprétés ; mais il faut se contenter de les réciter. A cet égard, ils disent clairement : « Ces termes doivent être compris en tant que tels sans en déterminer le comment ? ». De sa part, l’imam ach-Chaféi dit : « Je crois en Allah et à Sa parole transmise de la manière voulue par Lui. Je crois également en le Messager d’Allah et à ses Hadiths rapportés de la manière agréée par lui. » 
D’ailleurs, les Musulmans sont unanimement d’accord qu’Allah transcende sur tous les actes des créatures conformément à ce verset : « Rien ne Lui est égal ; et c'est Lui l'Audient, le Clairvoyant[1]. »
Alors, le fait de s’établir sur le Trône ne doit pas être compris qu’Allah s’installe physiquement comme le font les humains. Ce terme dénote plutôt le Pouvoir absolu, l’Omnipotence et la Haute Majesté. De même, la Descente divine au premier ciel ne doit pas porter le sens du mouvement ou du déplacement du haut en bas ; mais elle doit être interprétée par le fait qu’Allah est plus proche de Ses créatures et exaucent leurs prières et leurs actes. Un jour, un de nos pieux prédécesseurs dit : « On veut dire par la Descente divine la descente de Son ordre. Tous les Musulmans s’accordent sur la transcendance de l’Etre divin et la non ressemblance aux créatures, c’est pourquoi, il ne reste devant le fidèle que d’adopter l’un de deux choix : ou bien accepter le terme en tant que tel tout en laissant le soin d’en déterminer le comment à l’Omniscience divine ou bien l’interpréter d’une manière allégorique acceptée par la langue arabe. Rappelons que le fidèle qui adopte le premier choix suit l’exemple des pieux prédécesseurs alors que le fidèle qui adopte le deuxième applique l’avis des disciples successeurs. Etant donné que la langue arabe est riche des sens figurés : métonymie, métaphore, allusion, ainsi que d’autres figures que l’Arabe comprend bien à la lumière du contexte et de la cohérence de l’enchainement des phrases et dont il choit ce qui transcende Allah de toute ressemblance à Ses créatures. C’est pourquoi, il est religieusement interdit de traduire les textes comportant ces termes d’une manière littérale qui porte à penser à l’Incarnation et à la ressemblance rejetées par l’ensemble des Musulmans et sans clarifier que le sens apparent des termes n’est pas du tout visé. Tout cela pour ne pas attribuer ce qui va à l’encontre de l’idée transcendante de Dieu, Exalté soit-Il.
Pour toutes ces considérations, les Musulmans doivent s’accorder sur des terminologies précises pour mettre fin à leur conflit et à leur divergence futile. A ce propos, Ibn Hazm dit : « Si on s’accorde sur des terminologies précises, on met par-là fin aux trois quart de la divergence des gens. »
En somme, on rejette toute prétention selon laquelle Allah est assis au sens propre du terme sur le Trône et qu’Il le fait de la même manière que les rois assis sur leur trônes en en laissant l’espace de quatre doigts. On rejette également l’allégation selon laquelle Allah occupe un espace précis et créé et se déplace en descendant au ciel en parcourant une distance déterminée de sorte que le Trône soit au-dessus de Lui. Car tout cela représente la croyance infidèle d’une secte dite Mochabaha qui n’a rien à voir avec l’Islam.
Et Allah Seul le sait par excellence.                      


[1] Coran, ach-Chura, 11.
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