Sermon du vendredi dans une langue ...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Sermon du vendredi dans une langue autre que l’arabe

Question

Quel est l’avis religieux relatif au discours de Vendredi en anglais pour les Musulmans anglophones ?

Réponse

Dans les pays occidentaux, beaucoup sont les Musulmans, originaires du pays ou d’origine étrangère, qui comprennent mal l’arabe. Lors du sermon du vendredi, il arrive souvent que les fidèles divergent entre eux à propos de la langue du sermon : le sermon sera-t-il prononcé en arabe bien que la plupart des fidèles ne comprennent pas cette langue ou bien sera-t-il transmis dans une langue compréhensible pour la plupart des assistants ?
En effet, les jurisconsultes ont parlé de cette question dans le chapitre relatif à la prière du vendredi alors que certains d’entre eux l’ont abordée dans le chapitre relatif à la prière et plus précisément dans le chapitre relatif à la récitation coranique pendant la prière : cette récitation peut-elle se faire en perse ou non ?
Selon l’avis le plus prépondérant, prononcer le sermon du vendredi en autre langue que l’arabe est religieusement autorisée et n’affecte pas la validité de la prière du vendredi. Mais pour ménager la divergence de la majorité des savants, il est préférable de formuler en arabe les piliers principaux du prêche. En effet, cette autorisation est justifiée par le fait que le but du sermon est de mettre en relief les leçons morales et d’éclaircir les sentences religieuses comme c’est le cas du sermon du Hajj dont le sujet porte sur les rites du pèlerinage. Car il est inconcevable que l’orateur s’adresse à la masse dans une langue qu’elle ne comprend pas alors qu’il lui est facile de s’adresser à eux dans une langue bien comprise de tous. A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit :
« Et Nous n'avons envoyé de Messager qu'avec la langue de son peuple, afin de les éclairer. Allah égare qui Il veut et guide qui Il veut. Et, c'est Lui le tout Puissant, le Sage[1]. ».
Selon Tafsir al-Djalalein, Allah a envoyé à chaque communauté un Messager qui s’adresse à elle en sa propre langue afin de lui faire comprendre les commandements divins.
En effet, l’avis autorisant de prononcer le sermon du vendredi dans une autre langue que l’arabe est l’avis adopté par l’école hanafite à l’exception de deux Disciples d’Abu Hanifa. Dans son HachiatAla Maraqi al-Falah[2], et en énumérant les conditions requises pour la prière du vendredi, at-Tahtawi dit : « La quatrième condition est « le sermon » même prononcé en perse par un orateur maîtrisant l’arabe. »
Dans son ouvrage, Rad al-Mohtar ‘Ala ad-Dor al-Mokhtar (1/543, éd. Ihya at-Torath), Ibn ‘Abdin commentant l’avis des Hanéfites : « Abu Hanifa n’a pas posé pas l’arabe comme condition du sermon en se contentant de son avis autorisant la prière en langue étrangère même par un imam connaissant l’arabe. En revanche, Abu Yousif et Mohamad de l’école hanéfite exigent l’arabe aussi bien pour la prière que pour le sermon du vendredi sauf en cas d’incapacité. »
De même, les hanbalites autorisent le sermon du vendredi prononcé en langue étrangère en cas d’incapacité de parler arabe. Dans Kachaf al-Qina’ (2, 33, éd. Dar al-Fikr), l’érudit al-Bahoti le hanbalite : « Il n’est pas autorisé de prononcer le discours du vendredi en langue étrangère alors qu’on est capable de le dire en arabe et surtout la récitation coranique dans le discours. En revanche, le discours du vendredi en langue étrangère est valide en cas d’incapacité de le faire en arabe. Car le discours a pour but l’exhortation, le rappel, l’exaltation des louanges de Dieu et la prière sur Son Messager à la différence de l’énoncé coranique qui constitue l’un des indices prouvant l’authenticité de la Prophétie de Mohamad et de son Message révélé. La transmission de l’énoncé coranique en langue étrangère affecte son caractère miraculeux. Si l’orateur s’avère incapable de réciter les versets coraniques en arabe, il doit dire, à la place, des invocations par analogie à la prière. » 
Il vaut mieux dire en arabe les éléments principaux du discours du vendredi : le prélude, les versets et les Hadiths et les traduire après. Parmi les décisions du Complexe du Fiqh islamique figure celle-ci : « L’avis le plus juste à ce propos prévoit que dans les pays non-arabes, l’emploi de l’arabe dans le sermon du vendredi et de deux fêtes ne constitue pas une condition de leur validité. Mais il vaut mieux dire en arabe le prélude et les versets coraniques afin d’habituer les non-Arabes à l’écoute de l’arabe et à la récitation coranique. C’est, en effet, un moyen efficace pour leur faciliter l’apprentissage de cette langue qu’on appelle la langue du Coran. Ensuite, l’orateur peut compléter le reste de son discours dans une langue compréhensible de tous. »
Et Allah Seul le sait par excellence   
 


[1] Coran, Ibrahim, 4.
[2] Page, 277. Ed. Mostafa al-Halabi.
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