Pendant mon séjour aux Etats-Unis, j’ai rencontré une Musulmane qui m’a indiqué que l’ennemi israélien nous faisait la guerre sur le plan militaire, politique et économique en s’appuyant sur les superpuissances mondiales dont les Etats-Unis viennent à la tête. Pour cela, il faut, estime-t-elle, lutter contre cet ennemi par les mêmes moyens. Elle a découvert une faille dans les cartes de crédit américain permettant de causer des dégâts considérables à son système économique. Elle a réussi à obtenir un grand nombre de ces cartes et à en épuiser le crédit soit par le prélèvement ou par l’achat sans en rembourser la valeur à la banque. Elle a changé son adresse de domicile pour que la banque ne puisse pas la trouver. Cette femme m’indique également que cet argent revêt le même statut du butin sous prétexte qu’on est en guerre avec un ennemi soutenu par les Américains. Elle va jusqu’à prétendre que la guerre ne se limite pas au champ de bataille et s’étend pour toucher le domaine économique. Quel est l’avis religieux relatif à ce propos ?

En principe, le Djihad dans le sentier d’Allah est acte institué par la religion. Il se fait par des moyens licites qui sont de nature à élever haut la communauté musulmane sur le plan militaire ou économique. A ce propos, Allah dit : « Luttez comme il se doit pour la Cause de Dieu ! ». De plus, al-Boukhari rapporte d’après Ibn ‘Abass qui dit : « Le Messager d’Allah dit : « Après la conquête de la Mecque, on n’a y plus de raison d’émigrer ; mais il vous reste d’accomplir avec dévouement le djihad. »
Dans al-Mofradat Fi Gharib al-Coran (p, 208, éd. Dar al-Qalam), ar-Raghib dit : « Le djihad consiste à déployer des efforts pour repousser l’ennemi. ».

Donc, ce que fait la femme en question est un acte interdit ; car il entre dans le cadre de l’appropriation injuste des biens des gens. A cet égard, Allah dit : « Ô vous qui croyez ! Ne vous dépossédez pas les uns les autres de vos biens par des procédés malhonnêtes ! Que vos échanges soient fondés sur des transactions librement consenties . ». Alors, le Musulman qui vit dans un pays non-musulman en vertu d’un pacte de protection n’est pas autorisé à manquer à son engagement. Il lui est interdit de porter atteinte aux citoyens de ces pays ou de s’approprier sans droit leurs biens sauf ceux donnés de bon gré.

Dans Charh al-Kabir (2/507, éd. ach-Charaka ach-Charqyya), as-Sarkhasi le hanéfite dit : « Si un nombre de Musulmans arrive par ruse à entrer dans un pays ennemi sous prétexte qu’ils sont des messagers du calife et présentent à l’appui un faux écrit califal, ceux-là ne sont pas autorisés de porter atteinte à la vie ou aux biens des habitants de ce pays ennemi. Si ces Musulmans l’étaient vraiment, l’écrit leur servirait de pacte de protection à respecter par les deux partis respectifs. Et s’ils demandaient aux habitants de ce pays la protection et leur demande a été favorablement répondue, ils devront respecter leur engagement. De même, il n’est pas permis de trahir les habitants de ce pays ennemi même s’ils y entrent en tant que négociants cachant leur intention d’y commettre un acte d’homicide ; car l’ennemi les avaient cru sur parole. »

Dans al-Hidaya (4/304, éd. Dar al-Fikr), al-Mirghinani hanéfite dit : « Si le Musulman entre dans un pays ennemi en tant que commerçant, il lui est interdit de porter atteinte à la vie ou aux biens de ses habitants ; car il se porte garant, par parole d’honneur, de leur assurer la paix. Donc, manquer à sa parole donnée est une trahison formellement interdite par la religion. »

Et par conséquent, ce qu’avait fait cette femme est un acte interdit par la religion et va à l’encontre des préceptes de l’Islam. Il faut que le Musulman soit honnête avec les Musulmans et les non-Musulmans.

Pour conclure, cette femme doit rembourser à la banque la valeur de ces cartes de crédit et s’en repentir à Allah le Très-Haut.

Et Allah Seul le sait par excellence.
 

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(1)Coran, al-Hajj, 78.
(2)Coran, an-Nissa, 29.