Soustraire la valeur d’un don de la...

Dar al-Iftaa d'Égypte

Soustraire la valeur d’un don de la somme à payer comme Zakat

Question

Un homme bienveillant envisage de faire un don d'un appareil médical à un dispensaire. Il veut savoir s'il est possible de considérer la valeur de cet appareil médical donné gratuitement à un dispensaire comme faisant partie de la Zakat qui lui incombe.

Réponse

En principe, la Zakat ne peut être destinée que pour l'une des quatre catégories qu'Allah a précisées dans le Coran :

« Les aumônes sont destinées aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui sont chargés de recueillir ces dons et de les répartir, à ceux dont les cœurs sont à gagner, au rachat des captifs, aux endettés insolvables, à ceux qui se consacrent à la cause de Dieu et aux voyageurs démunis. C’est là un arrêt de Dieu, et Dieu est Omniscient et Sage155».

En effet, la Zakat a pour objectif de pourvoir aux besoins de l'homme avant ceux des établissements.

Les savants exigent la possession de l'argent de la Zakat à moins qu'elle ne s'avère difficile comme c'est le cas de la catégorie du sentier d'Allah. Les savants versés en matière d'examen de texte précisent qu'on entend par le sentier d'Allah le Djihad, la science et l'appel à la voie du Seigneur. En vérité, le Djihad effectué pour repousser une agression peut se faire aussi bien par la force des armes que par la force du verbe. Allah dit :

" N'obéis donc pas aux infidèles ; et avec ceci (le Coran), lutte contre eux vigoureusement. ".

Par ailleurs, certains savants ont élargi l'espace de la catégorie de (dans le sentier d'Allah) pour embrasser, en cas de nécessité, tous les bons actes, les voies du bien et les intérêts publics des gens même avec l'absence de condition de possession.

Dans son ouvrage intitulé Bada'i' as-Sanai', l'imam al-Kassani dit :

« Quant à la parole d'Allah (dans le sentier d'Allah), cette catégorie englobe tous les bons actes. Quiconque obéit à Allah et accomplit des bons actes tout en éprouvant une nécessité figure dans cette catégorie. »

Dans son exégèse et à propos du verset portant sur les destinations de la Zakat, l'imam al-Fakhr ar-Razi dit :

« Sache que le sens littéral de l'expression coranique (dans le sentier d'Allah) ne limite pas forcément cette catégorie aux combattants. La preuve en est ce qu'al-Qaffal, dans son exégèse, a rapporté d'après certains juristes qu'il est permis de dépenser de la Zakat dans tous les domaines du bien tel que l'enterrement des morts, la construction des forteresses et la restauration des mosquées ; car l'ordre d'Allah (dans le sentier d'Allah) revêt un aspect général. Cette opinion figure également dans la doctrine chiite imamite. De plus, certains jurisconsultes zaydites jugent prépondérant cette opinion. ".

En vérité, cette opinion peut être adoptée en cas de nécessité, c'est-à-dire quand les aumônes bénévoles et les dons ne pourvoient pas aux besoins des dispensaires ou des services publics dont profitent les Musulmans. Il faut prendre en considération que la satisfaction des besoins des pauvres et des nécessiteux, en ce qui concerne les habits, la nourriture, les moyens de vivre, l'éducation, est prioritaire pour réaliser l'objectif principal de la Zakat conformément à la parole du Prophète :

« La Zakat doit être prélevée sur les biens des riches pour pourvoir aux besoins des pauvres. »/

Comme la construction des dispensaires et l'achat des appareils médicaux dont profitent les malades pauvres, il est permis, en cas de nécessité, de financer ces services de l'argent de la Zakat.

Selon cette opinion, les établissements, les dispensaires, les appareils médicaux et autres sont les propriétés de tous les Musulmans tout comme le sont les routes et les ponts. Cette forme de possession n'empêche pas les non Musulmans d'en profiter comme ils profitent des routes et des ponts. De plus, l'objection que la Zakat est uniquement destinée aux musulmans est réfutée par le fait que le profit tiré d'un établissement après sa construction est une chose et la possession de cet établissement est une autre chose. Cette situation est comparable à celle du musulman qui reçoit la Zakat puis en offre l'hospitalité à un non musulman. Cet acte est unanimement permis conformément à la règle juridique selon laquelle : « La durabilité rend permis ce qui n'est pas, en principe, permis. ».

De ce qui précède, il n'y a pas d'inconvénient religieux de prélever le prix de cet appareil sur la somme de la Zakat imposé au demandeur tant que le dispensaire a besoin de cet appareil et que les dons et les aumônes bénévoles ne permettent pas de l'acheter. En vertu de l'opinion déjà citée, le prix de l'appareil couvre une partie proportionnelle de la somme imposée, à titre de Zakat, au demandeur. En vérité, il vaut mieux que l'appareil soit sous forme de legs pieux, c'est-à-dire une aumône dont le profit est permanent. Chaque fois qu'une personne tire profit de cet appareil, le donateur aura une récompense. Le dispensaire joue alors le rôle de gérant ayant pour mission d'administrer l'utilisation de l'appareil de la manière qui réalise l'intérêt des malades et la récompense en faveur du demandeur.

Et Allah Seul le sait par excellence.

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