La polygamie en Islam
Question
L’Islam autorise-t-il la polygamie ?
Réponse
La polygamie était une coutume répandue chez les Arabes d’avant l’Islam, les Juifs et les Perses. L’histoire nous parle des rois et des sultans qui ont fait bâtir des constructions pour l’habitation de plus de 1000 personnes consacrées à leurs femmes et à leur harem. La législation juive autorise jusqu’à nos jours la polygamie sans que personne n’ose la critiquer.
Dans le cadre de la rectification des idées préconçues et de l’établissement des vérités, il faut savoir que l’Islam a bien limité le nombre d’épouses et n’a pas inventé la polygamie comme on le pense. On rapporte d’après Salem d’après son père que Ghilan Ibn Salama ath-Thaqafi s’est converti à l’Islam ayant eu sous son toit dix épouses. Le Prophète lui a ordonné d’en garder quatre seulement. (Rapporté par Ahmad dans son Mosnad et Ibn Maja dans ses Sunan). Alors, le hadith limite le nombre d’épouses à quatre pour l’homme en ayant plus. En revanche, le hadith n’impose pas à l’homme monogame d’être polygame ; car la polygamie, dans la conception islamique, n’est pas visée en soi ; mais elle est établie comme solution à certaines situations et comme moyen pour réaliser un intérêt général.
Il est étonnant de voir les détracteurs de l’Islam qui condamnent la polygamie en Islam se permettre à eux-mêmes d’avoir une multitude de concubines et de courtisanes sans leur accorder les mêmes droits d’épouses. Ces détracteurs refusent une polygamie reconnue par la religion, la loi et l’ordre du pays et admettent en revanche le concubinage multiple qui prive la femme de tout droit et fait d’elle l’esclave de l’homme. En effet, le concubinage permet à l’homme de jouir de la douceur de la jeunesse de sa concubine et de se débarrasser d’elle aussitôt qu’il la dégoûte. Il arrive parfois que l’homme qui fréquente plus d’une concubine transmette des maladies sexuelles très dangereuses à son épouse. De plus, ces relations illégitimes peuvent donner lieu à des enfants bâtards dont le géniteur refuse dans la plupart des cas de leur accorder sa paternité.
L’Islam autorise à l’homme de se marier jusqu’à quatre femmes tant qu’il est capable d’en assumer la responsabilité et que la polygamie n’affecte pas trop son premier mariage.
Commentant le verset : « Si vous craignez, en épousant des orphelines, de vous montrer injustes envers elles, sachez qu’il vous est permis d’épouser en dehors d’elles, parmi les femmes de votre choix, deux, trois ou quatre épouses. » (Coran, an-Nissa, 3), l’imam at-Tabari dit dans son exégèse Djami’ al-Bayan Fi Ta،wil al-Coran (531/7) : « Les exégètes divergent sur l’interprétation de ce verset. Certains l’interprètent de la manière suivante : « Si vous craignez, vous tuteurs d’orphelines, de n’être pas justes à leur égard en leur donnant une dot inférieure à celle assignée à leurs semblables, ne les épousez pas et épousez plutôt d’autres licites en mariage jusqu’à quatre. Si toutefois vous craignez de n’être pas justes envers ces dernières, vous devez vous en contenter d’une seule… ». D’autres disent que l’interdiction dans ce verset porte sur la cinquième épouse, et ce, par souci de sauvegarder les biens des orphelines contre l’abus de leurs tuteurs. En effet, l’homme Koraïchite épousait plus ou moins une dizaine des femmes et lorsqu’il se trouvait dans l’indigence, il s’appropriait les biens de l’orpheline soumise à sa tutelle ou finissait par l’épouser pour s’en emparer. Le verset a limité le nombre d’épouses à quatre pour éviter l’injustice dont les orphelines étaient les victimes. Si les charges d’avoir quatre épouses s’avèrent coûteuses au point qu’on craigne de ne porter atteinte à leurs biens, qu’on se contente alors d’une seule femme… »
De tout ce qui précède, on déduit que l’Islam a limité à quatre le nombre indéterminé d’épouses qui était à l’époque une coutume courante chez les Arabes, les Perses et les Byzantins. On déduit également que la polygamie n’est pas imposée par l’Islam et qu’elle est tolérée par lui pour des raisons valables. Mieux vaut d’épouser jusqu’à quatre épouses que d’entretenir des concubines et des courtisanes qui pourraient donner à la société des enfants bâtards et propager dans son sein des maladies d’ordre moral et physique.
Et Allah Seul le sait par excellence.