Le jugement concernant le remboursement des dettes accumulées par l’association caritative à partir des fonds de la zakat
Question
Une association caritative enregistrée auprès du ministère des Affaires sociales a pour objectif d’aider les patients démunis à accéder à des services médicaux de qualité en se faisant soigner dans le centre médical caritatif spécialement créé à cet effet.
La question est la suivante :
- Est-il permis à l’association d'utiliser les fonds de la zakat pour rembourser les dettes accumulées par l'association au profit des organismes suivants : la Sécurité sociale, le ministère de l'Électricité et l'administration fiscale ?
- Est-il permis à l'association d'utiliser les fonds de la zakat pour développer les lieux de prestation de services médicaux destinés aux patients, qu'ils soient démunis ou non, tels que les hébergements, les salles d'opération et les infrastructures ?
Réponse
Son éminence grand mufti prof. Dr. Nazir ‘Ayyad.
Les dépenses pour rembourser les dettes accumulées par l’association mentionnée, ainsi que pour développer les lieux de prestation des services médicaux pour les patients, qu'ils soient démunis ou non, comme les hébergements, les salles d'opération et les infrastructures, doivent provenir des aumônes générales et continues (sadaqat) et non des fonds de la zakat.
En effet, la finalité de la zakat est de construire l’être humain avant de construire des bâtiments. Elle vise à subvenir aux besoins des pauvres et des nécessiteux en matière de vêtements, nourriture, logement, subsistance, éducation, soins de santé et autres nécessités de la vie. C’est pourquoi le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a spécifiquement mentionné les nécessiteux dans le hadith de Mu‘adh (qu'Allah soit satisfait de lui), lorsque le Prophète l'a envoyé au Yémen et lui a dit :
« Informe-les qu’Allah a prescrit une aumône dans leurs biens, qui sera prélevée sur les riches parmi eux et redistribuée aux pauvres parmi eux. »
(Al-Boukhari et Mouslim)
L'utilisation des fonds de la zakat pour rembourser les dettes accumulées par l'association au profit de la Sécurité sociale, du ministère de l'Électricité et de l'administration fiscale, ainsi que pour développer les lieux où l'association offre des services médicaux aux patients, doit être financée par des dons et des aumônes générales et continues (sadaqat), et non par les fonds de la zakat. En effet, la charité (sadaqa) a une portée plus large que la zakat ; elle est permise pour les pauvres comme pour les autres, et il n'est pas nécessaire qu'elle soit transférée en propriété. Le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit :
« Lorsque l'homme meurt, ses actions se coupent sauf dans trois cas : une aumône continue, un savoir utile, ou un enfant pieux qui prie pour lui. »
(Rapporté par l'imam Mouslim d'après Abu Hurayrah, qu'Allah soit satisfait de lui).
La sadaqa jariyah (charité continue) est toute aumône dont les bienfaits et les récompenses perdurent et continuent de se manifester, comme l'a définie le juge `Iyyad dans Mashariq al-Anwar (1/145, éd. Dar al-Turath). De nombreux savants ont interprété cela comme étant le waqf (don perpétuel), car c'est la forme la plus claire de ce qui est impliqué.
Dar al-Ifta d’Égypte recommande la création de trois fonds distincts à cet égard :
- Le premier fonds : destiné à la sadaqa jariyah. Les gens y déposent leur argent, et ses revenus et fruits sont utilisés au profit des associations caritatives, des hôpitaux et des traitements des patients fréquentant ces établissements, pour l'éternité.
- Le deuxième fonds : destiné aux sadaqat générales. Il est utilisé pour la construction, la maintenance, le développement et l'embellissement de ces lieux, de manière à ce qu'ils soient adéquats sur les plans structurel, architectural et artistique, ainsi que pour le règlement de toutes les obligations financières qui leur sont liées.
- Le troisième fonds : destiné à la zakat. Il est utilisé pour financer les équipements, les médicaments, les frais médicaux, l'hébergement, la nourriture et les boissons pour les patients pauvres, ainsi que les frais des opérations chirurgicales, des radiographies, et ainsi de suite.
Sur cette base, et dans le contexte de la question : Les dépenses pour rembourser les dettes accumulées par l'association mentionnée, ainsi que pour développer les lieux de prestation de services médicaux aux patients, qu'ils soient démunis ou non, tels que les hébergements, les salles d'opération et les infrastructures, doivent provenir des sadaqat générales et continues, et non des fonds de la zakat.
Et Allah, Exalté soit-Il, Est le Plus Savant.