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Dar al-Iftaa d'Égypte

Disséquer un animal encore en vie pour cause scientifique

Question

cm; text-align: justify; line-height: normal; text-indent: 1cm; text-justify: inter-ideograph;">Nous avons passé en revue la demande enregistrée sous le numéro 250 pour l’année 2010 contenant ce qui suit :
Dans quelques universités et écoles, on effectuer la dissection des animaux vivants en vue de les soumettre aux essais scientifiques, ce qui les expose à de dures épreuves qui finiraient par la mort de certains ; sachant qu’à notre époque, il y a d’autres choix, jugés efficaces du point de vue scientifique, qui pourraient jouer le même rôle ; tels que les modèles de reproduction, les logiciels d’ordinateurs, les films didactiques, ou même les animaux morts, ou l’essai pratiqué sur les patients ou les animaux malades, etc.
Quel est l’avis religieux relatif à ce propos ?

Réponse

 

Dans le Coran, Allah, le Très-Haut, exhorte Ses serviteurs à faire preuve de gratitude à l’égard de Ses bienfaits :


 

« C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui existe sur la Terre[1]. », c’est-à-dire tousles bienfaits divins accordés à l’Homme. Parmi ces bienfaits, figurent les animaux, les plantes, les métaux, les montagnes, l’apprentissage d’un métier, etc. En outre, Allah a clarifié qu’Il a mis tout cela à la disposition de l’Homme afin qu’il puisse s’en servir dans sa vie religieuse et profane. Pour ce qui a trait à notre vie profane, tous ces bienfaits stimulent nos corps aux actes d’obéissance. Pour notre vie religieuse, ces bienfaits servent d’argument et de raisonnement conformément à ce dire d’Allah :
« Et Il vous a soumis tout ce qui est dans les Cieux et tout ce qui est dans la Terre[2]. »
Ainsi, les animaux font partie des créatures divines soumis au service des fils d’Adam ; et dont le profit a de multiples aspects : consommation, monture, labeur, etc.
Sans doute, soumettre l’animal aux essais scientifiques et aux recherches académiques représente l’un des aspects de ce profit. Pourtant, cet usage est conditionné par le fait de ne pas faire mal à l’animal sans raison valable. L’honorable charia n’a-t-elle pas exhorté à la compassion et interdit l’agression sous toutes ses formes. A cet égard, Allah dit : 
« Agissez de la manière la plus bienfaisante et judicieuse, Dieu aime les gens bons et judicieux[3]. »
« N’outrepassez pas les limites permises, car Dieu n’aime pas ceux qui les transgressent[4]. » 
Al-Boukhari et Mouslim rapportent d’après Abu Horayra que le Prophète dit :
« Ne mérite pas la pitié celui qui en est privé. »
Abu Da’oud et at-Termizi – qui le juge valide - d’après Abu Horayra que le Prophète dit : « Allah arrache la miséricorde au cœur du damné. »
At-Termizi[5] rapporte d’après Abdullah Ibn ‘Amr que le Prophète dit : 
« Les miséricordieux sont dignes d’être couverts de la miséricorde divine. Soyez donc miséricordieux à l’égard de ceux qui vivent sur terre afin de mériter la miséricorde de Celui au ciel. » 
La charia fait de la pitié à l’égard de l’animal un accès au paradis et du fait le maltraiter un passage conduisant à l’Enfer. 
Les deux cheikhs rapportent d’après Abu Horayra que le Messager d’Allah dit : 
« Une femme fut damné aux supplices de l’Enfer pour avoir emprisonné jusqu’à mort une chatte sans lui donner ni à boire ni à manger et sans la laisser partir pour se nourrir des insectes. »
Et par conséquent, il faut faire preuve de pitié envers l’animal, objet d’essai, dans un but didactique. Et si l’essai appliqué à l’animal exige de le blesser ou le tuer dans l’immédiat ou progressivement, il n’est pas religieusement permis d’y avoir recourir, sauf à défaut d’alternatifs – comme ceux mentionnés dans la question – ou s’il s’avère difficile d’en faire usage. Et dans ce cas, l’essai appliqué à l’animal relève de la dispense accordée en certains cas déterminés. Cela veut dire qu’il est interdit de soumettre à l’essai scientifique deux animaux si on peut se contenter d’un ; car en agissant de la sorte, la nécessité ou le besoin disparait pour donner lieu à la distraction soit par le meurtre ou par la torture de l’animal, ce qui est religieusement interdit. 
Musleim rapporte d’après Ibn ‘Abass que le Prophète dit :
« Ne prenez pas l’être vivant pour cible. »  
Dans Fayd al-Qadir (6/347. Ed. al-Maktabah at-Togariyya al-Kobra), commentant l’interdiction figurée dans ce Hadith, al-Manawy dit : 
 « Cette interdiction est justifiée par l’atteinte portée à la dignité de la création d’Allah ainsi que par la torture sans raison valable. » 
An-Nassâ’î rapporte d’après ach-Charid Ibn Sowayd que le Prophète dit :
« Quiconque tue sans raison un oiseau, cette victime se plaindra à haute voix le Jour du Jugement : « O Seigneur ! Un tel m’a tué sans raison ni profit quelconque. »      
‘Abdullah Ibn ‘Omar rapporte que le Prophète dit :
« Quiconque tue sans droit un oiseau, petit ou grand, devra en rendre compte auprès d’Allah. », « O Messager d’Allah !- demande-t-on- Quelle manière doit-on adopter en le tuant ? », « On ne doit le tuer que pour en consommer la chaire ; alors, il est interdit de le décapiter sans en profiter. » 
Dans son Sahih, al-Boukhari rapporte d’après ‘Abdullah Ibn ‘Omar que le Prophète a maudit quiconque mutile un animal.
S’il s’avère nécessaire de soumettre un animal à l’essai scientifique ou de s’en servir pour réaliser une fin pédagogique de façon à ce qu’on le blesse ou le tue, dans ce cas, il faut tout d’abord l’engourdir pour ne pas le faire souffrir. Exception faite du cas où on étudie son système nerveux qui exige de le mettre à l’essai sans engourdissement. Il faut également, une fois fini l’essai, procéder à le tuer de la manière douce s’il s’avère impossible de le guérir. Musleim rapporte d’après Chaddad Ibn Awas que le Prophète dit : 
« Allah a prescrit la bienfaisance dans toutes choses ; alors, si vous avez à tuer, faites-le de la bonne manière ; si vous voulez immoler, faites-le de la bonne manière ! Que l’on aiguise bien sa lame et repose bien la victime. » 
Lors de l’essai, la priorité est accordée aux animaux permis à tuer par la charia si on en craint le danger à défaut d’alternatifs. A cet égard, le Prophète dit : 
« Cinq animaux nuisibles sont permis à tuer même dans l’enceinte sacrée de la Mecque : le scorpion, le corbeau, le milan, le rat et le chien enragé[6]. » 
Dans al-Moghni (4/173. Ed. Dar Ihyaa at-Tourath al-‘Arabi), Ibn Qudama dit : 
« On est autorisé de tuer tout ce qui nuit aux gens en portant atteinte soit à leur personnes soit à leurs biens pour éviter son danger. En revanche, on n’est pas permis de tuer l’animal inoffensif. »
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[1] Coran, al-Baqara, 29.
[2] Coran, aj-Jasya, 13.
[3] Coran, al-Baqara, 195.
[4] Coran, al-Baqara, 190.
[5] Hadith jugé bon valide par at-Termizi.
[6] Rapporté par les deux Cheikhs d’après ‘Aicha.

 

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