Prétentions de quelques rénovateurs
Question
1_ Le déni de la force probante du consensus et du raisonnement analogique.
2_ L’interdiction d’imiter n’importe quelle doctrine y compris les quatre écoles juridiques et l’obligation imposée à toute personne d’exercer l’ijtihad même si elle n’est pas versée dans la langue arabe.
3_ L’interdiction de se référer aux opinions des Compagnons qui, selon eux, se sont dérogés au Coran et à la Sunna.
Réponse
Il ne convient pas d’attribuer ces prétentions infondées ni aux Gens de la Sunna et de la Communauté ni aux Gens du Hadith ni aux Gens de l’opinion ni à l’une des écoles de fiqh considérables. Les savants sont unanimement d’accord que le principe du consensus constitue une force d’argumentation indéniable. En effet, ce principe, qui constitue l’une des sources fondamentales de la législation islamique, fait partie des principes incontestables de la religion. La preuve en est le dire d’Allah :
« Mais celui qui se détache volontairement du Prophète, après avoir eu connaissance de la Voie du salut, pour suivre un chemin autre que celui des croyants, celui-là Nous l’abandonnerons au destin qu’il s’est choisi et Nous le précipiterons ensuite dans la Géhenne, pour qu’il y subisse son triste sort[1]. »
De plus, certains Hadiths notoires par le sens indiquent que la communauté musulmane ne s’accorde pas sur l’erreur.
D’ailleurs, les jurisconsultes dignes se sont mis d’accord sur la force probante du raisonnement analogique qui remplit les conditions évoquées dans les ouvrages du fondement du fiqh. L’intérêt porté à ce principe est allé jusqu’à dire que si un legs pieux a été consacré en faveur de l’ensemble des jurisconsultes, ceux d’entre eux qui dénient le raisonnement analogique en seront exclus.
Quant à l’interdiction d’imiter les écoles juridiques et l’obligation de se donner à l’ijtihad même sans en avoir les moyens, il s’agit des propos émis par des malades mentaux. En effet, imposer à l’homme de commun d’exercer l’ijtihad c’est comme imposer le vol à la personne frappée d’une infirmité chronique. Pire encore, l’interdiction d’imiter les quatre écoles juridiques les plus suivies finit par détruire les fondements de l’Islam au nom de l’Islam et la sunna au nom de la sunna. Pour toutes ces considérations, les savants doivent intervenir pour étouffer au berceau cette pensée erronée qui propage des idées destructives. De telles idées infondées ne résistent pas à la réfutation de quiconque conscient de leur fausseté et soucieux de dévoiler la vérité ayant pour seul but la satisfaction d’Allah.
En ce qui concerne la force probante des propos divergents des Compagnons, elle fait l’objet d’une controverse entre les savants. Cette question est bien détaillée dans les livres des fondements de fiqh.
Il convient donc au Musulmans de faire preuve de politesse à l’égard des Compagnons choisis par Allah pour être en compagnie du meilleur homme sur terre notre Prophète Mohamad. Accuser ces compagnons, porteurs du message prophétique et transmetteurs de la charia, d’avoir intentionnellement dérogé au Coran et à la sunna, décèle un manque d’estime et de politesse à leur égard. Au sujet des Compagnons, il faut mieux dire avec bonne foi : selon qu’il le sache un tel compagnon ; ou il est fort possible qu’il n’était pas au courant de ce Hadith ou bien que par l’application de ses mesures personnelles, il juge invalide ce Hadith.
Il est de devoir de tout musulman aimant Allah et Son Messager et soucieux d’appliquer la vrai religion de ne pas recevoir les enseignements religieux de n’importe qui et de ne pas prêter oreille aux soi-disant savants privés de toute compétence en matière de religion. A cet effet, il faut tirer leçon des propos de l’imam Mohammad Ibn Sirine : « Cette science religieuse fait partie de la religion ; réfléchissez bien donc sur l’homme auprès de qui vous apprenez votre religion. »
[1] Coran, an-Nissa, 115.