Le prix du sang pour un seul œil
Question
Nous vous prions de nous fournir une fatwa concernant Le prix du sang (Diya) pour un seul œil.
Réponse
Le Prophète dit : " Une Diya (prix du sang) doit être payée pour l’agression causant la perte des yeux 1. "
Ce qui veut dire qu'il faut une demi-Diya pour la perte d'un seul œil. Tout d'abord, il faut définir la Diya et indiquer sa valeur : La Diya est le bien (argent ou autre) payé à la victime ou à ses parents en guise de dédommagement d'un meurtre ou d'un handicap causé par un acte criminel. Il s'agit d'une institution divine, traditionnelle et consensuelle de caractère obligatoire.
Allah, le Très Haut, dit : "…verser à la famille de la victime la Diya (le prix du sang), à moins que les ayants droit n’en fassent remise2. "
Dans la noble Sunna, an-Nassaï a rapporté d'après Abou-Bakr Ibn Mohammad Ibn 'Amr Ibn Hazm d'après son père et son grand père que le Prophète ﷺ a envoyé un message au peuple du Yémen dans lequel il dit : "Quiconque tue, sur preuve, un croyant, sera passible d'une peine de mort (par l'application de la loi du talion) à moins que les plus proches parents de la victime n'y renoncent. Le prix du sang pour l'attentat à la vie d'une personne est évalué à 100 chameaux. L'homme qui tue une femme subira la peine de mort. Pour ceux qui possèdent de l'or, le prix du sang à payer est évalué à 1000 dinars."
Le consensus des érudits affirme l'obligation de payer une Diya à la victime ou à ses proches parents (ses héritiers). La majorité des jurisconsultes estiment que le prix du sang à payer pour l'attentat à la vie d'un Musulman libre équivaut à 100 chameaux pour ceux dont les chameaux font toute leur fortune, 200 vaches pour ceux dont les vaches constituent leur capital, 12 milles dirhams pour ceux dont la fortune est en argent. Cette estimation a été fixée par le Prophète ﷺ. Le prix du sang, quelle que soit sa nature, une fois donné par le criminel, doit être accepté par la victime ou son parent. Car le principal c’est qu'on s'acquitte d'une obligation d'une façon ou d'autre. De toute façon, comme ce régime est difficile à appliquer à notre époque, nous optons pour la valeur de la Diya en argent (le métal), étant donné que le but est de se libérer des regrets qui pèsent lourdement sur la conscience. En effet, l'argent, (en tant que métal précieux), peut réaliser cet objectif. Le prix du sang sera estimé, donc, à 12 milles dirhams (et comme le dirham, d'après la majorité des Ulémas, équivaut à 2,975 g. d'argent, environ), ceci fait en tout 35 Kg et 700 g d'argent environ. La valeur de cette quantité d'argent sera évaluée selon les prix fixés par le marché, à partir de la date d'avoir droit à la Diya, soit par la voie juridique, dans les pays qui l’appliquent, ou à l'amiable. Cette somme pourrait être échelonnée, au moins, sur trois ans. La Diya incombe à la famille du meurtrier, sinon, au meurtrier lui-même, à défaut, d'autres gens peuvent la payer même à titre d'acquittement de la zakat. Pour ce qui est de la Diya quand la victime est une femme, la majorité des Ulémas estiment qu'elle est la moitié de celle de l'homme selon ce qu'al-Baïhaqi a rapporté d'après Mo'adh Ibn-Jabal que le Prophète ﷺ a dit : "La Diya des femmes est la moitié de celle des hommes3." Par contre, al-Assamm et Ibn 'Olayya estiment qu'elle est égale à celle de l'homme. Cependant, il faut appliquer l'avis majoritaire, en vertu du hadith précité et des autres hadiths pareils. Il n'y a aucune différence entre la Diya pour un meurtre commis par erreur contre une victime adulte ou un enfant. L'arrangement à l'amiable au sujet du prix du sang Diya est autorisé par la Charia sous forme de renoncement, en tout ou en partie, du dédommagement en vertu de la recommandation divine : "… verser à la famille de la victime la Diya (le prix du sang), à moins que les ayants droit n’en fassent remise4. " " Si l’ayant droit consent une remise de cette peine au meurtrier, ce dernier sera poursuivi modérément et il devra s’acquitter du prix du sang avec empressement. C’est là une mesure d’allégement et de miséricorde pour vous de la part de votre Seigneur. Mais quiconque transgresse, par la suite, ce compromis sera sévèrement sanctionné5. " Allah, le Très-Haut, laisse à la famille de la victime le soin de renoncer complètement ou partiellement au prix du sang en vue d'alléger, totalement ou en partie, la charge au meurtrier selon ses conditions financières. L'acceptation de la Diya est autorisée par la Charia, car c'est un droit octroyé à la famille de la victime qui peut accepter le prix du sang ou bien le céder, entièrement ou partiellement, par un arrangement. Suite à cette explication, le prix du sang pour un seul œil équivaut à la valeur de 17850 g. d'argent.
1- Rapporté par an-Nassaï, ad-Daremi et Al-Bayhaqi.
2- Coran : Femmes. V. 92.
3- Al-Bayhaqi a qualifié ce hadith de faible.
4- Coran : Femmes. V. 92.
5- Coran : Vache. V.178.