Etapes de la fatwa
Question
Quelles sont les étapes de la fatwa ?
Réponse
La fatwa passe par quatre étapes essentielles avant d'être délivrée oralement ou d’une manière écrite au demandeur. Ces quatre étapes sont comme suit :
- L'idée qu'on a de la question posée.
- La détermination de la catégorie à laquelle appartient la question.
- La formation du jugement.
- L'émission de la fatwa.
1- L'idée que le mufti se fait de la question posée
Ceci dépend de la manière dont sont exposés les faits. C'est au demandeur donc d’avoir la peine de transmettre son idée au mufti pour qu'il puisse y trouver une qualification religieuse convenable. De son côté, le mufti doit, pour atteindre la vérité, poser des questions relatives aux quatre éléments dont dépend le jugement final et qui prêtent souvent à la confusion à savoir : le temps, le lieu, les personnes et les circonstances[1]. De plus, il incombe également au mufti de s'assurer si la question concerne seulement un individu ou la communauté toute entière ; car le jugement à émettre en dépend principalement.
En effet, l’idée que le mufti se fait de la question posée peut porter sur un fait réel ou potentiel et dans ce cas, il faut prendre en considération les conséquences et les interrelations. Plus le mufti s'avère capable de captiver exactement l'idée, plus la fatwa est susceptible de réaliser les objectifs de la Chari'a et l'intérêt public et d’écarter les préjudices.
Dans son ouvrage ar-Rad ‘la man akhlad ila ar-Rd, wa jahal anna al-idjtihad fi kol 'asren fard, as-Seyouti rapporte la parole du cheikh al-Ghazali tirée de son œuvre Haqiqat al qawlayn :
« Se faire une idée d'une chose n'est pas en soi une opération facile, même la personne intelligente, qui peut formuler une fatwa pour chaque question bien posée, s'avère incapable si on lui demande de concevoir une idée pour chaque fait avec ses complexités et ses conséquences. Seul le savant Moujtahid qui puisse le faire. ».
2- Déterminer sous quel chapitre du fiqh appartient la question posée
Cette étape est nécessaire pour savoir à quelle catégorie appartient la question posée (transactions ou rites ou une branche dépendante, nouveaux contrats non abordés dans le fiqh traditionnel, etc.). En effet, cette étape prépare les terrains à donner une qualification religieuse à la question posée. A cet égard, il faut noter que cette qualification religieuse exige, pour l’appliquer à la question, un examen minutieux de la part du mufti. C’est pourquoi, il arrive parfois que les Ulémas divergent sur une qualification religieuse pour une certaine question, ce qui justifie le fait de voir la fatwa changer d’un mufti à l’autre. Dans ce cas, faire prévaloir une qualification religieuse faisant l’objet de divergence entre les Ulémas dépend essentiellement de la nature et de la force des preuves fournies ainsi que de la capacité de percevoir le réel vécu et de viser les objectifs principaux de la Chari’a basés sur le fait d’écarter la gêne autant que possible.
3- Formation du jugement
L'avis religieux, c'est la loi divine relative aux actes des personnes responsables (actes obligatoires, facultatifs ou conventionnels). Pour être applicable, cet avis religieux doit être tiré du Coran, de la Sunna et ou du Consensus communautaire Ijma ou d’autres sources de la législation islamique telles que le raisonnement ou la déduction analogique. Par conséquent, le mufti doit avoir une connaissance approfondie du Coran, de la Sunna, des questions faisant l’unanimité des Ulémas, des techniques de la déduction analogique, du lexique arabe, de la priorité des preuves et des nouveautés du réel vécu. En effet, acquérir cette connaissance exige tout d’abord l’étude d’un groupe de savoirs (Fondements du fiqh, fiqh, langue, Hadith) et l’initiation à l’Iftaa. Egalement, le mufti doit se parer de la pitié et avoir pour objectif la réalisation des intérêts des gens.
4- L'émission de la fatwa
C’est l’étape où le mufti applique le jugement religieux au cas du demandeur. Il faut, comme condition dans cette étape, s’assurer que le jugement à appliquer ne contredit ni les objectifs principaux de la Chari’a, ni un texte explicite, ni un consensus communautaire ni une règle juridique bien établie, sinon, le mufti devra, dans ce cas, modifier sa fatwa.