Travailler dans une banque

Dar al-Iftaa d'Égypte

Travailler dans une banque

Question

Plusieurs savants estiment que le travail dans une banque est religieusement interdit en se référant au hadith « Allah a maudit l'usure, celui qui s'en nourrit, l’usurier, celui qui établit les contrats de prêt à intérêt et les deux témoins, etc. ». J’aimerais savoir le jugement religieux relatif à cette question en étayant la réponse par des preuves aussi valides que logiques.

Réponse

Tout d’abord, il faut souligner que la divergence des conceptions que les juristes et les économistes se font des transactions bancaires a entraîné une divergence entre les jurisconsultes musulmans eux-mêmes à propos de leur qualification. Les juristes indiquent que les transactions conclues entre le client et la banque est un contrat de prêt alors que les économistes estiment qu’il s’agit tout simplement d’un contrat d’investissement. Il est à noter que la divergence à propos de la définition entraîne nécessairement la divergence à propos de la qualification du fait. Conformément à l’avis qui n’y voit qu’un contrat de prêt à intérêt, ces transactions ont été jugées usurières par certains. Certains d’autres estiment qu’on peut recourir à ce genre de transactions si le cas exige conformément au principe selon laquelle « la nécessité fait loi». A cet égard, Allah, le Très-Haut, dit : « Cependant, si on se trouve contraint d’en consommer par nécessité, et non par insoumission ni désinvolture, on ne commet aucun péché, car Dieu est Clément et Miséricordieux. » (Coran, al-Baqara. 173)

En revanche, certains Ulémas estiment qu’elles ne sont pas incluses dans le cadre des actes commis par nécessité ; car le nécessaire, selon eux, est tout ce dont le manque causera la perte. Or, certains d’entre eux ont jugé permises ces transactions suivant la règle juridique selon laquelle : « Le besoin revêt le statut de la nécessité générale ou privée. ». Quant aux économistes qui considèrent les transactions conclues entre le client et la banque comme un contrat d’investissement, ils divergent sur la justification. Certains d’entre eux les comptent comme une sorte de spéculation imparfaite qui pourrait être réhabilité en tant que forme du contrat de louage. D’autres estiment qu’il s’agit d’un nouveau contrat inconnu dans les transactions traditionnelles, ce qui a exigé un effort d’interprétation ijtihad اجتهاد par analogie au contrat de vente dit wafa’a وفاء que les jurisconsultes de Samarkand qualifient de nouveau contrat. Dans la logique même, cheikh l’Islam Abu as-So’oud a jugé licite le contrat de transaction ‘qd el-Mo’amala عقد المعاملة. En effet, ces nouveaux contrats sont devenus indispensables dans notre ère où les gens et le marché éprouvent un besoin pressant de ce type de contrats qui répond aux exigences de notre époque où les moyens de transport et de communication et la technologie ont pris de l’ampleur sans oublier la croissance démographique et la dislocation des liens sociaux, l’essor réalisé dans le domaine de la comptabilité, l’indépendance de la personnalité morale de la personnalité physique, etc. En somme, la divergence porte sur la conception qu’on se fait des transactions bancaires, leur qualification et par conséquent l’avis religieux y concernant. Parmi les règles religieusement établies figurent les suivantes : - « Sera récusé l’abandon d’un acte dont l’accomplissement est unanimement obligatoire et l’accomplissement d’un acte unanimement interdit. Par contre, on ne récuse pas l’acte faisant l’objet de divergence. » - « Eviter la divergence est un acte louable. » - « Il est permis à celui qui se trouve dans la nécessité d’accomplir ou d’abandonner un acte faisant l’objet de divergence, de suivre l’avis autorisant. » Il est évidemment connu dans la religion que l’usure est catégoriquement interdite conformément au Coran, à la Sunna et au consensus de la communauté musulmane. Allah dit : « Ceux qui pratiquent l’usure se présenteront, le Jour de la Résurrection, comme des aliénés possédés par le démon, et ce, pour avoir affirmé que l’usure est une forme de vente, alors que Dieu a permis la vente et a interdit l’usure. Celui qui, instruit par cet avertissement, aura renoncé à cette pratique pourra conserver ses acquis usuraires antérieurs et son cas relèvera du Seigneur ; mais les récidivistes seront voués au Feu éternel. » (Coran, al-Baqara. 275). Le Prophète dit également : « Allah a maudit l'usure, celui qui s'en nourrit, l’usurier, celui qui établit les contrats d’usure et ses deux témoins, etc. » (Rapporté par al-Boukhari et Muslim). La divergence porte sur la qualification des transactions bancaires s’agit-il d’une usure interdite par la religion ou d’un contrat imparfait interdit également par la Chari’a ou bien enfin d’un nouveau contrat jugé licite lorsqu’il réalise l’intérêt des parties contractantes sans être entaché d’interdit. Par conséquent, le Musulman doit savoir qu’Allah a formellement interdit l’usure et que sa prohibition fait l’unanimité de tous les Ulémas. Il doit savoir également que les transactions bancaires font l’objet de divergence quant à leur définition, leur qualification, et l’avis religieux y concernant. Eviter la divergence, comme nous l’avons déjà noté, est un acte louable. Cependant, le Musulman est autorisé de suivre l’avis autorisant sans en avoir péché en entreprenant des transactions bancaires sous toutes ses formes.

Et Allah Seul le sait par excellence.
 

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