Le jeûne des footballeurs professionnels
Question
Le Conseil Central des Musulmans en Allemagne a reçu de votre part une fatwa autorisant aux footballeurs professionnels de ne pas jeûner le mois de Ramadan. A mon avis, c’est injuste : comment autorise-t-on la rupture du jeûne au footballeur professionnel qui cherche la fortune et la renommée alors qu’il se peut qu’il soit puni, le Jour Dernier pour cet abandon ?! Cette dispense est accordée aux footballeurs en raison qu’ils sont engagés par un contrat et que les supporters attendent de leur part une bonne performance. Je comprends cela. Mais qu’en est-il alors du footballeur qui renouvelle son contrat ? Lui-est-il permis de renouveler son contrat et de délaisser de nouveau son jeûne prescrit ?
Réponse
En effet, la validité du jugement religieux dépend de l’existence de sa raison d’être. Si la raison d’être est valide remplissant toutes les conditions requises sans se heurter à un empêchement, le jugement religieux qui en résulte est valide également. Cela prouve l’objectivité de la jurisprudence islamique dont les jugements n’ont rien à voir avec les personnes elles-mêmes. Si par exemple une personne se trouve incapable, pour cause de maladie, d’accomplir les ablutions, elle sera permise d’effectuer le Taymoum (ablutions sèches) et sa prière sera valide. Le même jugement s’applique à une autre personne dans la même condition. Et par conséquent, la fatwa citée dans la question n’est pas générale comme le pense le demandeur mais elle est liée à des conditions particulières. Elle autorise la rupture du jeûne au footballeur qui n’a d’autre travail que celui dans lequel il est engagé et qui a du mal à l’abandonner. Le même jugement s’applique à toute personne, riche ou pauvre, qui exerce un métier rendant pénible le jeûne et qui n’a pas d’autre revenu pour subvenir à ses besoins et à ceux des siens. D’autre part, il convient de rappeler que l’Islam est la religion de tout temps et de tout lieu et qu’il s’adresse à toutes les personnes dans n’importe quelle situation. Il s’adresse au prince et au citoyen pauvre, à l’astronaute dans l’espace et au bédouin dans le désert. Il n’a pas demandé aux gens d’abandonner leurs métiers et de renoncer à leurs habilités et à leur prospérité pour qu’Allah soit satisfait d’eux. De même, il n’a pas demandé au riche d’être pauvre, de changer son mode de vie et de renoncer à sa fortune pour qu’il accède au Paradis. Au contraire, l’Islam exhorte toute personne à exercer le métier qu’il maîtrise bien sans la charger de ce qui va à l’au-delà de sa capacité. Il a donné aux gens la liberté de vivre à leur guise et selon leurs coutumes qui ne vont pas à l’encontre de l’Islam, de ses principes et de ses règles morales. A ce propos, le Prophète dit : « Travaillez ! Chacun est prédisposé à la mission pour laquelle il a été créé . »
Et par conséquent, il est religieusement autorisé au footballeur de rompre le jeûne s’il est engagé dans un contrat de travail et le jeûne l’empêche d’accomplir parfaitement son métier, ce qui pourrait lui causer la perte de son travail et troubler toute sa vie. Notons que la renommée et la fortune dont jouit souvent le footballeur constitue un don que Dieu donne à qui Il veut. Pour ce qui est du footballeur qui néglige sa prière, il nous incombe de lui conseiller sans pour autant le priver de la dispense religieuse. Mais si tu entends par les footballeurs une catégorie de sportifs qui mènent une vie illicite, commettent les péchés majeurs et n’accordent pas d’intérêt à la religion, dans ce cas-là cette catégorie de pécheurs ne sont pas concernées par notre fatwa. En effet, cette fatwa s’adresse à celui qui en a vraiment besoin et qui cherche l’agrément d’Allah le Très-Haut dans tout ce qu’il fait ou abandonne. Pour les considérations précitées, rien n’empêche le footballeur de renouveler son contrat de travail.
Et Allah Seul le sait par excellence.
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Hadith rapporté par Boukhari et Muslim.